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Réminiscence de l’enfance ~ Lettre de Constance : Mon ange adoré, mon tout petit…
Trois ans déjà se sont envolés, aussi vite me semble-t-il qu’un gracieux battement de vos paupières, depuis que Dieu m’accorda la grâce de votre venue au monde. Si je ne vous avais pas à mes côtés mon Amour, que je me sentirais seule dans les froids et sombres couloirs que ma silhouette s’entête à hanter nuit après nuit. Lui ne vient plus depuis des mois, depuis une éternité déjà... Alors, quand le pas lourd et triste, je me relève de ma couche solitaire pour m’en aller mendier à mon époux ce qui jadis était passion et volupté, amour et dévotion…il n’y a plus qu’en convoquant l’image de votre doux visage que je ne supporte le désespoir de me voir accorder, par devoir et intérêt, que miettes et poussières de ce qui brûlait à l’ancienne flamme. N’accablez ni ne maudissez votre père lorsque, plus âgé et plus mûr je l’espère, vous lirez peut-être avec quelque émotion, mes lettres contraintes pour l’instant de demeurer muettes. Je vous en prie, ne lui tenez pas rigueur de l’isolement au sein duquel je glisse lentement comme en les eaux froides du Rhin…
Elles ne sont devenues ma constante demeure que parce que mon sein est aussi glacial que leurs plus troubles profondeurs. Je sais que je ne puis plus avoir d’enfants désormais. Je le sens dans ma chair aussi sûrement qu’une marque d’infamie m’aurait été brûlée au fer rouge. Il est écrit sur tous les visages que je croise, de jour comme de nuit, que chaque fruit conçu est sitôt arraché de mes entrailles dans une immonde marée poisseuse. Ils me regardent avec cet odieux mélange de pitié et de moquerie, semblant lire, à chacun des sillons de chagrin veinant ma peau trop précocement, l’intime secret de la mort de ma féminité. Je ne suis plus femme. Plus épouse. Tout juste encore mère et Dieu seul sait pour combien de temps… Mais je m’obstine. Pour vous mon Ange. Pour que vous ne demeuriez pas seul quand j’aurais quitté le monde alors que ma présence auprès de vous aurait pour longtemps encore été nécessaire. Tristan, ne m’en voulez pas trop de cet abandon forcé…Chérissez, je vous le demande, les souvenirs de mes égards et de ma dévotion envers celui qui sera demeuré à jamais l’objet du plus grand amour qu’il m’ait été donné d’éprouver…et pardonnez la peine et les angoisses qu’aura causée mon évasion précipitée. Gardez toujours respect et amour envers Dieu, de même qu’envers monsieur votre Père. Tous deux seront vos protecteurs et vos guides à travers le monde et la difficile société humaine, lorsque je ne pourrais plus vous tenir la main comme j’ai toujours aimé à le faire. Il me reste la prière pour empêcher ceci d’advenir, mais je crains que ma Foi et ma peur n’émeuvent plus ni les anges, ni les saints…
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Souvenirs d’adolescence :~ Quelque chose d’Anina GabrielleIl y avait dans son sillage cette odeur rassurante et enivrante à la fois, mêlant la poudre et la fragrance capiteuse des blanches tubéreuses. Un poison onirique chavirant les sens, déchaînant les passions, lorsqu’il se joignait à l’odeur animale de sa peau. Ses toilettes rehaussaient la beauté angélique de ses traits juvéniles tout autant que les atouts démoniaques de son corps au galbe parfait qui se laissait ça et là entrevoir sous le tombé d’un tissu plus fin qu’à l’accoutumée ou d’un corsage au décolleté à peine plus profond que d’usage. Comme elle dosait savamment ce subtil mélange de candeur et de soufre, maîtresse comme seule sait l’être une femme dans l’art de charmer, qui lui conférait une aura toute particulière.
Anina à la blondeur enfantine. Aux lèvres carmin tranchant sur la blancheur de son teint. Anina dont les discrets mouvements esquissaient sans cesse les plus cruelles tentations, quand part trop elle se penchait et laissait admirer l’arrondi de sa poitrine ou qu’une affectueuse caresse, s’attardant un peu plus longtemps que d’ordinaire, venait se rire de la trouble frontière de sentiments trop complexes et neufs encore pour un adolescent. Qu’y entendait-il aux jeux de l’amour, ce jouvenceau de quinze ans ? Rien bien entendu, rien qui ne l’arma contre la voracité du désir. Elle jouait à le piéger, pour le plaisir de boire à même les eaux sombres de son regard, la fascination et le tourment qu’elle exerçait sur Tristan.
C’est entre ses bras, dans les draps de soie du boudoir, qu’il prit goût au libertinage et aux tentations d’Epicure. Sa délicieuse belle-mère lui apprit ce qu’il y avait à savoir sur les plaisirs de la chair et même plus, l’invitant souvent à partager son lit de concert avec l’un de ces nombreux amants. Au nez et à la barbe du Comte, ou bien celui-ci fermait-il volontairement les yeux ? Peu importe, l’unique résultat de l’ignorance pathétique que feignait ou dans laquelle vivait son père poussa petit à petit Tristan à concevoir plus de mépris que d’amour pour celui-ci. Ce n’en était pas plus de l’amour qu’il éprouvait à l’égard d’Anina durant les longs mois que dura leur liaison. Il le crût un temps, au tout début, avant de comprendre tout contre la moiteur de son corps, à respirer dans sa sueur et entendre dans ses gémissements rauques qu’il n’avait jamais été question que de désir.
Puisque l’amour n’était guère plus qu’un étranger à la silhouette lointaine, aussi impalpable et distante que celle de sa bien aimée mère, Tristan mit fin à la relation dangereuse qui l’unissait à l’actuelle femme de son père. Elle tempêta, menaça de tout révéler mais déjà ce qu’elle lui avait appris se retournait contre la prédicatrice impie. Conscient qu’Anina ne pourrait rien avouer de leur faute sans se compromettre totalement elle aussi, il la congédia vertement, comme une vulgaire catin. Ce que du reste était désormais devenue la jeune femme à ses yeux.
~ Lettres de TristanLoreleï,
Ma chère, ma tendre sœur,
Non ! oubliez ces mots que je viens de tracer de ma plume chagrine. Il m’est odieux de vous appeler par ce prénom…votre catin de mère y a enclos contre votre gré une destinée telle qu’en la légende, et qu’en son propre sein gangrené de luxure et de malice ! Car ne le savez vous pas, le nom est présage ?
Nomen est omen. Je me veux extirper envers et contre tous, hommes et Dieu, ce maudit oracle attaché aux pourtant si douces syllabes de votre prénom, en ne le prononçant jamais à moins d’y être forcé et en le conjurant à peine l’eussè-je murmuré. Gisèle, ma chère, ma tendre sœur…voilà qui est mieux, qui est certainement bon et sans danger aussi puis-je m’autoriser à présent à vous révéler les intentions de cette soudaine missive…
C’est que je suis éploré, torturé…outragé ! Il faut que vous sachiez… ma douce, ils m’exilent loin de vous tel un vulgaire aillevin, alors que vous séjournez chez notre cousine. Le procédé m’est d’autant plus écœurant que vous n’êtes sensée apprendre la nouvelle qu’à votre retour entre les murs des conspirateurs qui vous ont enfantée. Comment diable êtres aussi méprisables et veules ont-ils pu s’accorder pour faire naître de leur abjections une pureté telle la vôtre, je n’ai de cesse de m’interroger…Mais plus grand tourment me presse de vous parler, de vous dévoiler sans fausse pudeur ce qui s’agite en mon âme et en mon cœur. C’est à vous que je dois d’avoir approché la lumière et la chaleur qui cruellement me manquaient depuis le départ de ma mère. Votre éclat, votre loyauté et la beauté de votre essence furent autant de flambeaux auxquels réchauffer mes plus ténébreuses heures et calmer toutes mes angoisses…Je n’aurais pu le formuler aussi directement sans le concours des noirs desseins qui s’en vont séparer nos chemins, et si je vous l’avoue aujourd’hui, c’est bien là l’unique chose pour laquelle je puisse être reconnaissant à nos chers parents d’être ce qu’ils sont. Pour le reste, ils ne méritent à mes yeux plus rien d’autre qu’indifférence et mépris.
Il me reste, avant de rejoindre les terres outre Rhin où l’on me veut confier à quelque nobles amis de feue ma mère avec lesquels notre père gardait contact, à vous confier quelques mots, parmi les plus précieux et que ma main tremble de livrer sous ma plume, de crainte de vous offenser et de réellement vous perdre à jamais. Si l’on m’envois si loin de tout ce que je chéris, si loin de vous… c’est par crainte que notre tendre et profonde affection ne compromette la fructueuse union décidée de longue date entre vous et le Marquis de Weltkrieg. Voilà la sinistre vérité, ils ont pressentit que mon attachement envers vous se muait petit à petit en de plus vastes et ardents transports… Je vous aime Gisèle. Non comme une sœur doit être aimée d’un frère…comprenez bien… je vous aime comme la plus belle et la plus merveilleuse des femmes mérite d’être adorée d’un homme.
Je vous en prie, prenez le temps de sonder vos sentiments et de songer à ceux que je viens de vous offrir… mais ne tardez pas trop, car je le sens, je vais dépérir privé de votre regard qui était seul entre tous à me bonifier…Et il sera trop tard, ma déliquescence m’entraînera encore plus loin que les perfides mains de nos parents, tandis que vous étoufferez dans la toile qu’ils vous ont tissée. Si par la grâce infinie du Seigneur, le bonheur de savoir vos sentiments faire échos aux miens m’était accordé, alors fuyez ! Courez et venez me rejoindre, je vous en prie. De toute mon âme, c’est le seul vœu que je puis encore formuler…Ne laissez pas l’idée de quelque déchéance ou le spectre de la pauvreté vous murer derrière la frontière. J’ai la fortune et les biens de ma mère, en plus de tout mon amour, pour prendre soin de vous et veiller à votre éternel bien-être.
Je vous attendrai…impatiemment…
Bien à vous,
votre Lorenz.
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Ma lointaine et muette sœur,
Vous n’êtes pas venue…Jamais n’est paru votre sourire, seul soleil à même de tempérer l’interminable hiver auquel j’ai été condamné. Ainsi, vous êtes devenue la Loreleï ? Se me semble, car je me sens irrémédiablement perdu, prisonnier de vos charmes et submergé par votre absence. J’aurais tant souhaité pouvoir empêcher cela…mais sans votre aide, que pouvais-je espérer réaliser ? Les miracles n’existent donc que dans les chimères des esprits aveuglés par la foi. Soyez certaine que la leçon à porté ses fruits. Ma vie désormais s’écoule à la Cour de France et ailleurs…tellement dissemblable, malgré les apparences, de celle qui animait le ridicule jouvenceau qui vous écrivit une fois par le passé, que vous ne me reconnaîtriez sans doute pas. J’incline à croire que les choses sont mieux ainsi…
Mais il demeure, attaché à votre souvenir, quelques braises qui tardent à mourir. Dites moi je vous prie, votre bonheur et votre grâce d’être celles que vous avez finalement consentit à devenir, que disparaissent les lambeaux de ce qui m’unissait à vous il y a des années…S’il vous plaît, ma toujours compatissante sœur, rendez moi ce dernier service et je vous promets qu’ensuite, vous n’entendrez plus parler de moi à l’avenir, sous quelconque prétexte.
Bien respectueusement,
Tristan.
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d’Hier et d’Aujourd’hui ~ Ombre : la Cour des Miracles : Par l’entremise de son protecteur Duc de Boyer d’Argens, chez qui il se vit envoyer à l’âge de vingt ans, Tristan fût introduit dans la superbe noirceur de la cour des gueux. Son protecteur étant fervent adepte des charmes vénéneux des Filles de Joie, c’est tout naturellement qu’il pensa chasser la mélancolie paralysant le jeune Vicomte qui lui avait été confié en le menant à la découverte des plaisirs et des horreurs qui s’ébattent et se mêlent en ces lieux. Le sire von Karsten dédaigna tout d’abord de goûter à ces distractions, trop obnubilé par le souvenir d’une unique sirène le hantant sans arrêt. Après avoir passé des mois à ne rien faire d’autre qu’exercer son art, le perfectionnant à chaque croquis et chaque sculpture sublimant ceux qui aux yeux des siens étaient des moins que rien, il en vint à aimer en quelque sorte leur flamboyante débauche de vices. Une lettre, écrite avec lassitude et regrets, acheva de rompre les liens qui le retenaient et de bâtir le pont vers ce qui est aujourd’hui sa vie. Remarqué par le Roi des Miséreux pour son don artistique, sa place parmi ses fidèles se trouva confirmée lorsque la précédente Muse de la Sculpture fit de lui son héritier. Dès lors que légitimité lui fût acquise, il put se consacrer discrètement à maints délices. Filles de Joie, Courtisans et Courtisanes, peu lui importe qui se laissera abuser par les galantes manières dissimulant la laideur et la cruauté de son âme aussi bien que n’en est capable son angélique visage. La volupté seule, en dehors de la lumière de son art, l’attise et le porte à viser toujours plus haut.
~ Lumière : la Cour de Louis : L’arrogance et l’argent avilissent encore plus cette masse cupide et fébrile que tous les travers, la saleté et la misère qui règnent à la Cour des Miracles. Que sont puissantes l’hypocrisie et la morgue qui habitent tous ces nantis, pour qu’ils se pensent sincèrement si différents de ceux qui soit disant singent ridiculement leur système et leur manières. Ce fut une des premières leçons que le Vicomte, nouvellement guidé au sein de la Cour Royale par la femme du Duc, apprit au contact de ses pairs français. Il n’en conçoit probablement aujourd’hui que plus de plaisir à dévoyé oies blanches et nobles seigneurs, ou à profiter des largesses de femmes aussi ouvertes que ne le sont leurs sœurs infortunés du bas Paris. Tout est peut-être pire dans cet écrin de senteurs capiteuses et de luxe, comme jadis entre les bras étouffants d’Anina…L’oisiveté régnant sans partage sur les heures passées de ce côté du monde, s’est privé du peu de éclat et de bonté qui émane en lui à travers son art que Tristan évolue et tisse l’avenir.
… Étrange comme pour lui, en lui, se confondent deux mondes que tout pourtant est sensé opposer…
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Objectifs et possibles évolutions : Obtenir une place de conseiller à la Cour des Miracles serait pour lui une réussite enthousiasmante, ou au moins l’occasion d’un jeu divertissant pour se hisser jusque là malgré les préjugés du Roi à l’encontre des nobles. Amusement qui se prolongerait sans nul doute dans les délices de l’exercice d’une certaine forme d’influence. Quand à la Cour de France, faire un mariage susceptible de l’aider à gravir les échelons et se rapprocher des plus hautes sphères du pouvoir, tout en continuant de mener sa double vie de débauché… voilà qui, croit-il, le satisferait pleinement.
Hors Jeu
[*]Pseudo : Tristan ne convient pas ? Je n'ai que celui là ^^
[*]Autre(s) Personnage(s) ? Pas encore ! J’arrive tout juste.
[*]Comment avez-vous connu ce forum ? Par un top site, mais navré, j’ai oublié lequel. Pas le fouet, pitié. >.<
[*]Une suggestion ? Tout me plaît tel quel.[/list]