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 Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria

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Gabriel Condat
Auteur Tragique et Tragédien
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Gabriel Condat



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MessageSujet: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria EmptySam 7 Mar - 14:14

Identité

    Nom : (de) Condat,
    Nom amputé dont il a hérité de son père, Jean-Baptiste de Condat, qui, ne lui ayant transmis que déshonneur et misère, le défit de tout titre de noblesse, de robe pour l'occasion.
    Prénom(s) : Gabriel Jean-Baptiste,
    Soit le prénom de son père, mais surtout le nom d'un ange, Gabriel, référence significative tirée de l'hébreu, signifiant "La Force de Dieu".
    Sobriquet :
    L'Autre,
    Que ce soit chez les artistes ou chez ses pairs, Gabriel est un homme étrange, paradoxal, qu'ils ont toutes les peines du monde à classer et à cerner.

    Âge :
    28 ans,
    Selon une estimation pour le moins hasardeuse puisque, étant un enfant illégitime et dissimulé, Gabriel n'a jamais été ordonné civilement, baptisé ou quelque pratique du genre. Il est supposé qu'il soit né à Paris.
    Origine :
    Française,
    Puisque son père était français et qu'il n'a jamais pu dire quelle était l'origine de la mère de Gabriel.

    Rang :
    Va-nu-pieds
    Profession : Auteur Tragique et Tragédien,
    Car Gabriel est un homme de théâtre, du moins autant que l'on peut l'être dans sa condition ; il a consacré les trois quarts de sa vie à cet art dont il a fait son métier, sa passion, sa raison de vivre comme de mourir. Ceci dit, à la Cour des Miracles, il est surtout reconnu pour ses talents d'acteur.

    Parti :
    Bohème,
    En tous les cas, lorsqu'on lui pose la question du Roi, Gabriel se montre plutôt évasif. Ceci dit, il prend rarement part à quelque conflit du genre. Peut être un jour, s'il le fallait.


    Physique

    Yeux : Connu pour disposer dun regard sombre et énigmatique, Gabriel a pourtant simplement les yeux sombres, d'une taille raisonnablement commune et juste assez enfoncés dans ses orbites pour une apparence humaine et masculine ; ceci dit, il n'est pas hasardeux de lui conférer un certain charisme et un discours allant de pair avec la manière qu'il a de poser les yeux tant sur les choses que sur les hommes. Certains disent qu'il sembler ainsi sonder son environnement, d'autres qu'il use seulement d'un langage que trop peu peuvent concevoir, sans doute parce qu'il recèle une part de mensonge.
    Cheveux : Bruns et coupés mi-longs, Gabriel a, par là, tout de l'artiste bohème écumant autant la Vertu de l'Art que le Vice de la Vie. De par l'allure générale et crasseuse, ce n'est qu'un reflet d'un manque d'hygiène toujours plus négligeable au fil du temps passant, mais c'est aussi une marque notable d'accepter, si ce n'est de vouloir, une physionomie négligée.

    Taille/Poids :
    (Approximativement) 178cm pour 55kg

    Description physique :
    Ni esthète, ni athlète, Gabriel est un personnage commun, d'un physique au premier abord comme bien après pour le moins banal. En réalité, il a tout simplement conservé sa physionomie de jeune homme, dans la mesure où son train de vie a eu tôt fait de l'éreinter. D'une carrure qui sans être chétive n'est guère imposante non plus, et d'une attitude globalement sobre, si ce n'est même austère, Gabriel apparaît le plus souvent comme un personnage soit antipathique, soit négligeable... ou juste mystérieux.
    Il n'attise que peu souvent l'intérêt de par cette première impression physique, chose voulue lorsque l'on considère un style vestimentaire bâti dans des teintes froides. Sa misère le contraint bien évidemment à n'avoir aucun goût de luxe qu'il puisse imposer à son corps, mais il cherche surtout à disparaître même au sein de la pauvreté. Au diable les courtisanes passant pour de nobles dames, au diable les mendiants reclus dans leur décadence exhibée, Gabriel n'ignore pas sa condition sans devoir, en outre, l'exprimer ouvertement. Il est auteur tragique et tragédien, et l'exubérance n'est ainsi guère non plus son credo.
    Cela se ressent tout autant dans une attitude premièrement asociale, si ce n'est même misanthrope. A aucun moment, il ne paraît engageant. D'ailleurs, la première surprise est bien alors de lui découvrir un langage honorable - soutenu à l'offense quelques fois, et surtout beaucoup de courtoisie. Son apparence n'annonce qu'une part de son âme, mais c'est ainsi qu'il cultive à la fois l'intérêt et le désintérêt, éliminant par là aussi les intéressés des personnes simplement affables. En un seul mot, Gabriel décrit déjà, là, son propre paradoxe.

    Particularités :
    Les rumeurs disent qu'il disposerait d'une croix latine marquée au fer rouge au sommet de la nuque ; pour une fois, il faut leur donner raison.

    Signe distinctif :
    /
    Mental

    Qualités :
    Pour un artiste, la première des qualités serait sans doute un certain savoir au sujet d'un quelque talent passant par l'Art. Mais, étant à la fois quelque peu instruit et confronté à l'ignorance, Gabriel est surtout pourvu d'humilité. Il n'a que peu de prétention. Il est difficile de sentir la frontière entre une qualité et un défaut, si bien que l'on peut attribuer cela autant à une réelle modestie qu'à un manque de confiance en lui ou juste une sorte de manège pour attiser le compliment. Globalement, pourtant, il reste quelqu'un d'honnête, de loyal et d'intègre. Non pas l'homme serviable et dévoué qui sortirait quiconque de la misère s'il le pouvait, non, Gabriel n'est pas un saint, mais seulement qu'il a une sorte d'éthique particulièrement affirmée, basée sur l'honneur. Après tout, comme il le dit, dans la pauvreté l'on a guère que sa dignité pour avancer.
    Droit, il est aussi quelqu'un de talentueux, cela va s'en dire. Poète mais auteur tragique avant tout, il a un certain sens de la finesse et de la distinction ; ce n'est pas les manières de cour, celles des nobles, loin de là, il n'ignore jamais sa classe, seulement il a ce trait d'esprit et cette subtilité propres aux auteurs. Pour sa condition, il reste un interlocuteur cultivé et suffisamment rationnel pour tenir quelque discours cohérent.
    Dans une autre optique, Gabriel est tout bonnement quelqu'un qui ne demande rien à personne et qui n'a pour lui aucune plainte ou aucun problème à exposer. Les vices, les vertus, le Paradis, l'Enfer, tout cela il connaît, tout cela il ressent, mais les plaidoyers, les demandes de compassion ou de pitié, ou quelque éloquence du genre, fort peu pour lui. C'est un homme débrouillard, plein de ressources, et avec cette juste sociabilité relative lui permettant de ne dépendre de personne et que personne ne dépendât de lui.

    Défauts : A contrario, ce dernier trait de caractère peut très vite passer pour de l'asocialité ; c'en est. Misanthrope, Gabriel ne fréquente la société que par souci d'inspirations. Ses pièces, quoi que largement inspirées de mythologies éparses, restent focalisées sur des caractéristiques purement humaines, triviales, et d'une passion qu'il ne peut découvrir nulle part ailleurs mieux qu'au contact de ses pairs. Ceci dit, il n'a rien d'accessible et d'engageant, fort au contraire. Il a cela de particulier qu'un regard de lui peut être aussi évocateur d'intérêt que de ressentiment, si ce n'est même d'aversion.
    Personne renfermé, Gabriel est quelqu'un de secret, mais surtout d'énigmatique. Premièrement, il est difficile de lui poser une question sans qu'il n'ait eu habilement tôt fait de l'éluder, de la détourner ou juste de la modifier. Ensuite, il prend plaisir à entretenir le mystère, laissant courir les rumeurs, suggérant certaines choses, sans jamais avoir à mentir. Et, enfin, il est quasiment impossible, et parfois aussi exaspérant qu'excitant, de réussir à décrypter l'implicite de ses réponses quand il en donne. A jouer aux devinettes, aux formulations ambiguës et suggestives, il est de loin l'un des plus doués. Au théâtre, ce serait assimilé à du talent, à la vie, c'est surtout assimilé à une conscience torturée.
    Enfin, malgré sa conscience religieuse, Gabriel est de ces hommes dont la conception de Bien et de Mal est quasi inexistantes. Même pour les pécheurs, la notion de Mal reste significative, et même distrayante. Pour lui, la trivialité se trouve autant dans le vice que dans la vertu, et cela va de même pour bien des choses. Il est difficilement à cerner, et souvent contradictoire. Paradoxal même. Cette facette insaisissable plaise rarement, sans que ce soit nécessairement un défaut.

    Goûts, intérêts, passions :
    Le théâtre ! Dans sa vie, il n'y a bien que le théâtre qui ait une quelque importance. D'ailleurs, il ne vit qu'à travers cet art mystique et souvent incompréhensible pour les profanes. S'il poussait son fanatisme étrange et inquiétant au vice, il en ferait très certainement sa seule religion. Il n'y a rien qui puisse davantage l'intéresser que ce domaine obscur dont il aime maîtriser les détails, les tenants et les aboutissants, en découvrir encore des facettes après toutes ces années et se confondre dans l'écriture et la mise en scène. Tragédien, en outre, il est l'acteur de sa vie et le compositeur de ses rêves et fantasmes. Nul n'a idée de tout ce qu'il peut mettre dans ses manuscrits, ses seuls biens, sans doute plus précieux encore que sa vie elle-même.

    Particularités : Si Gabriel se confond dans l'écriture d'une réalité fictive, cela a toujours été pour échapper à la réalité ; il n'en a que partiellement conscience, et, dans la mesure où il a toujours eu un certain avance sur son âge, l'on peut dire qu'il souffre encore et toujours, et certainement à jamais, d'une forme de nécessité à rester plongé dans une enfance, où le rêve et l'espoir dominent, qu'importe la réalité cruelle, crasseuse et perverse dans laquelle il évolue. Pour lui, les rêves ce n'est pas seulement tout rose et merveilleux, c'est un chaos d'idéaux infinis dont il peut jouer à volonté, qui à ce que cela devienne un fantasme, même pervers.

    Signe Distinctif :
    /
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Gabriel Condat
Auteur Tragique et Tragédien
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MessageSujet: Re: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria EmptySam 7 Mar - 14:20

Historique

    Famille :
    Jean-Baptiste de Condat |
    Décédé
    Issu d'une notable famille de la noblesse française, Jean-Baptiste fût le second enfant à naître de sa fratrie. Puisque son aîné fût un frère, Tristan, ce dernier fût tout désigné à la noblesse d'épée, à reprendre les titres et les statuts quand, comme cela se faisait souvent et se fait toujours, lui, le cadet, fût destiné à la noblesse de robes, les ecclésiastes. Pénétrant dans les Ordres, jamais il n'embrassa réellement la carrière et, quoi qu'il fût alors prêtre, ses jeunes années le portèrent dans les bas-fonds jusqu'aux charmes de demoiselles peu farouches. Son manège dura suffisamment pour qu'il engendrât quelque bâtard. Non seulement Gabriel lui-même, mais aussi et surtout une petite fille, Gaëlle. De mères différentes et perdus dans l'anonymat des bordels parisiens, les deux enfants naquirent à quelques semaines d'intervalle et furent conjointement élevés par leur père, le tout dans le plus grand secret.
    Ce fût quand ses deux enfants atteignirent la quelque dizaine d'années que ce damné péché fût insupportable à conserver. Les registres officiels marquèrent Jean-Baptiste comme un excommunié auquel fût enlevé tout titre honorifique et surtout tout honneur. Les deux enfants, ayant jusque là grandi dans un certain faste, furent confié à une abbaye en bordure de la capitale. Certains dirent de leur père qu'il fût fait prisonnier puis condamné à la peine capitale, d'autres qu'il a seulement été expié ses péchés en exil, qui ne lui avait permis de survivre à son déshonneur.

    Gaëlle (de) Condat | Présumée Décédée
    Née dans les souillures des bas-fonds parisiens, Gaëlle est la fille d'un prêtre et d'une prostituée ; ceci ne lui a porté préjudice qu'après ses dix ans. Là, elle fût d'abord confiée à une abbaye dans laquelle il fût vite indécent de l'élever. Confiée à l'orphelinat, personne n'entendit plus parler d'elle. Les registres ne la mentionnant à aucun moment, personne ne sait quand elle a quitté le foyer, ni pourquoi, ni comment. C'est à peine si elle a existé.

    Enfance :

    « Gaëlle, appela-t-il dans un souffle. Gaëlle ! »

    Sa jeune demi soeur l'observa d'un regard malicieux pour mieux lui tourner le dos et retourner à ses affaires. Pétrifié par la peur, Gabriel, lui, n'osait venir l'interrompre physiquement et tentait de la raisonner à distance avec autant de persuasion que l'on pouvait en avoir tout en conservant discrétion et précaution. Bien entendu, la jeune enfant ne voulait rien entendre et avançait à pas de loup vers l'objet de sa fantaisie puérile de l'instant. Son frère demeurait là, dissimulé derrière le dernier pan de mur susceptible de le protéger, tendant vainement la main pour la ramener à lui. Rien n'y faisait. Quoi qu'il eut dit, elle semblait décidée à aller troubler des soucis qui ne les regardaient ni l'un ni l'autre. Gabriel n'ignorait pas la curiosité farouche de Gaëlle, sans compter sur l'esprit malin la possédant et faisant d'elle un véritable démon d'audace et de bêtise. Il la regardait, impuissant, et cherchait véhément les quelques propos qui eurent le don d'être suffisamment pertinents et convaincants pour qu'elle abandonnât sa folie.

    « Gaëlle ! Il sera furieux, plaida-t-il (et un frisson remontant tout du long de sa nuque).
    - Vint, vint le diable, chantonnait-elle, effraie-moi donc, que diable ! »

    Elle laissa échapper un petit rire cristallin qui glaça le sang de son frère et complice. Ce dernier se redressa de sa négligeable hauteur et osa marcher méticuleusement dans ses pas. Il devait la rattraper et la ramener sur l'arrière, ou ils auraient tous les deux de sacrés ennuis. Ils se faisaient bien assez battre comme cela sans avoir besoin d'en chercher les coups de bâton et les marques plus indélébiles encore, tant pour le corps pour l'esprit. Il prit bien plus de vitesse alors afin de rattraper sa demi soeur désormais partie corps et âme dans sa quête improbable. Il vint lui saisir l'avant-bras, mais non seulement elle se débattit, et, en outre, elle était d'ores et déjà parvenue au but.

    Un grognement perça l'air, pareil à celui d'un monstre injustement réveillé. Quand Gabriel releva la tête pour voir de quoi il retournait, ses yeux pleins de crainte croisèrent le regard impérieux de son père, ou plutôt de son Protecteur, comme il souhaitait être appelé. C'était finalement lui qui s'était fait remarqué. Cependant, sa soeur avait profité de cette diversion miraculeuse pour achever sa tâche et un fracas de verre retentit à deux pas de là. Le temps que Jean-Baptiste se soit redressé pour incriminer du regard les deux enfants, le mal avait été fait. L'objet en question n'était rien de moins qu'une statuette de cristal représentant une jeune enfant, fragile et dénudée. Gaëlle en avait toujours éprouvé une vive jalousie, tant il chérissait davantage cette image qu'elle-même. Voilà qu'elle se pensait vengée.

    « Bande de bâtards insolents, rugit Jean-Baptiste en frappant Gabriel au visage avec tant de violence que celui-ci s'abattit au sol. Avez-vous si peu de respect qu'il vous faille détruire la riche injustement accordée par la miséricorde de notre Seigneur ?! »

    Gaëlle continuait de le fixer de son regard mutin. Elle n'avait plus peur depuis longtemps de ses coups, et des répressions. Elle avait cessé de pleurer, et elle ne cherchait plus à se protéger de ce genre de représailles, dont seul un père psychiquement impuissant était capable. Elle n'était pas comme son frère qui, lui, faisait toujours en sorte de ne pas contrarier l'ordre établi. Pourtant, cherchant toujours à protéger sa demi soeur, ce fût lui qui se redressa avant que son père n'ait eu le temps de frapper de nouveau. Il eut alors cette répartie dont personne ne l'aurait cru capable, une répartie audacieuse à peine digne de sa soeur, et prématurée pour sa dizaine d'années :

    « L'injustice, plaida-t-il avec aplomb, c'est d'être nés enfants de catin et de Satan lui-même !
    - Tu oses ? hurla son père, hors de lui. »

    Quoi qu'il essaya de s'enfuir, il ne put empêcher Jean-Baptiste de le saisir par les cheveux jusqu'à le traîner sur le sol. Il se débattit de toutes ses forces en s'efforçant d'ignorer les plaintes de sa soeur. L'attitude de celle-ci avait radicalement changé et elle cherchait désormais à empêcher son père d'agir, tenant fermement la main de Gabriel dans la sienne. Ce dernier n'avait jamais senti autant de force dans la volonté de sa demi soeur. Il eut à peine le temps de savourer cette reconnaissance qu'il fût jeté au sol. En se redressant, ses membres endoloris par les vains efforts qu'il avait précédemment fournis, il mit plusieurs minutes à comprendre qu'ils se trouvaient désormais dans le grand bureau, bureau dans lequel il ne rentrait que pour subir ses corrections. Il se mit à genoux, alors et attendit que le fouet ou la cravache tombe. Gaëlle s'était jetée à ses côtés, la tête posée sur ses jambes, gémissant légèrement quelques excuses. Gabriel n'osa répondre, attendant le châtiment. Mais ce ne fût rien de ce qu'il attendait.

    Docilement, il baissa la tête quand il sentit la pression exercée par son père. Instinctivement, Gaëlle referma ses doigts sur son poignet, et se serra un peu plus contre lui. Gabriel, lui, pensait bientôt recevoir un coup de bâton bien placé sur le bas de la nuque, mais lorsque sa peau le brûla sans qu'il n'eut jamais connu de douleur similaire, il abandonna toute lucidité et toute dignité. Les larmes coulaient déjà sur ses joues, et Gaëlle hurlait de terreur en se jetant sur leur père. Là, les choses devinrent troubles et le jeune garçon qu'il était ne distingua qu'à peine les évènements qui suivirent. Il n'y avait que cette brûlure insupportable, là, sur sa nuque, à en vouloir mourir. Il n'y a que lorsqu'il tomba sur le côté, et eut un vague aperçu d'un fer chauffé ardemment qu'il trouva la force de pousser un cri déchirant. Il était plus douloureux de voir, dans l'obscurité de sa perte de conscience par l'intensité insoutenable de la souffrance, cette croix rouge, brûlante et damnée, que de ressentir son sceau déposé sur sa peau. Il sentit enfin Gaëlle revenir vers lui, murmurer quelque chose. Mais seul la voix de Jean-Baptiste de Condat perça ses tympans avec la force d'un châtiment pire qu'il n'en pouvait en être reçu à l'heure du jugement dernier :

    « Que la force de Dieu soit avec toi, mon fils, délira Jean-Baptiste. Notre Seigneur t'a mieux marqué par ton nom et sa croix maintenant que Satan ne pourra jamais te posséder. »
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Gabriel Condat
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MessageSujet: Re: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria EmptySam 7 Mar - 14:21

    Adolescence :

    « Pourquoi me torturer de ce triste sourire, quand vos yeux, ô reine, prient de me voir partir ? »

    Entre un ton grave et une posture digne, Gabriel lança sa réplique avec une application presque professionnelle. Sa voix était assurée, claire, et parfaitement accordée à la circonstance. Son jeu était sans doute un peu moins juste, mais cela n'enlevait rien au silence de plomb régnant dans la vaste pièce baignée de pénombre. Monté sur une estrade, il dominait un public uniquement composé d'un homme d'âge mur, tout d'un long manteau d'hiver vêtu. Son austère apparence signifiait ses activités de moine. Il était, à la fois, son spectateur et son interlocuteur. Aucune reine n'était à signaler. Pourtant, cela aurait été à s'y méprendre quand l'on sentait l'intensité émanant d'un Gabriel plongé dans le désespoir et l'incompréhension. Cette tension s'évanouit quand le vieux moine interjecta de sa voix nasillarde :

    « L'aimes-tu ?
    - Plait-il ? répartit Gabriel, interloqué d'une question si peu contextuelle.
    - Ta reine ! s'impatienta immédiatement l'homme. L'aimes-tu ?
    - Oh... aucun noble ne puit aimer davantage son argent que je n'aime ma reine. »

    Le tout était distillé avec une crédibilité effrayante, et le moine sembla en être satisfait. Gabriel avait acquis ce talent pour l'improvisation et l'interprétation bien avant d'arriver à l'abbaye. En fait, depuis l'âge de cinq ans, il avait reçu l'amour de l'Art, et plus particulièrement du théâtre. Il s'était pris d'affection pour les tragédies, et avait lu Shakespeare, grâce à son père. Il n'avait plus jamais voulu sortir de ce cercle étrange et inconnu. La providence avait été ensuite de son côté puisque, parvenu à l'abbaye, il avait fait la rencontre de cet homme, le frère Daniel, étant entré dans les ordres après une carrière chaotique d'auteur tragique. Bien que n'éprouvant que peu d'affection l'un pour l'autre, leur passion commune leur permit de pactiser autour du talent et de l'apprentissage. Et cela faisait sept ans, maintenant, qu'ils entretenaient ces rituels quasi quotidiens.

    « Tu as un talent bien ingrat, soupira le vieil homme. Tu joues trop bien l'amant, sans même savoir ce qu'est l'Amour.
    - Qu'en savez-vous ? risposta aussitôt Gabriel. »

    Surpris, le moine croisa le regard d'un jeune homme imperturbable, visiblement en attente d'une réponse sans dénoter pour autant le moindre signe d'impatience. C'était terrifiant. Gabriel savait l'effet qu'il avait sur autrui dès lors qu'il mettait un peu de son attitude à l'épreuve ; les moines de l'abbaye l'avaient souvent en affection mais s'accordaient également à dire qu'il était parfaitement impossible de le cerner. Ils le sentaient et le savaient malheureux ici, sans savoir ce qu'il désirait au fond. Beaucoup pensaient que le Frère Daniel parviendrait à le faire parler, à obtenir de lui quelques secrets, espoirs ou rêves. Mais leur rencontre semblait surtout avoir renfermé le jeune Condat dans son mutisme malin, plein de comédie, ou plutôt de tragédie. Jamais les langues ne se déliaient, et c'était la raison pour laquelle Gaëlle n'était plus un sujet abordé depuis des années, raison aussi pour laquelle personne ne cherchait à savoir pourquoi il ne priait pas, pourquoi il ne parlait jamais de son père, et surtout pourquoi il avait choisi de conserver nom et prénom après le traumatisme de son enfance. Gabriel n'était rien que le jeune homme talentueux, qui ne pourrait rien faire de ces capacités puisque né bâtard et disgrâcé.

    « Vous, gardien de la pureté de Dieu, que savez-vous de mon su amoureux ? reprit Gabriel devant le silence buté de son précepteur.
    - Être le créateur de quelques vers, persifla le moine (comptant encore d'un air concentré le nombre de syllabes de la réplique de son interlocuteur), ne fait de toi qu'un futur bon auteur... Et encore ! si tu cesses de persister à te couvrir de si peu d'humilité ! »

    On lut sur le visage de Gabriel qu'il refusait d'être atteint ou offensé par une telle remarque. Le moine vit cependant l'esquisse d'une telle expression et il fit comprendre par un sourire à demi satisfait que qu'importe les talents d'acteur de son jeune élève, il n'était pas infaillible, et ce serait toujours, et à jamais, lui, le maître. Gabriel ne se démonta pas et descendit de l'estrade. Ce fût là que se notèrent les différences les plus fondamentales entre les deux hommes : le plus jeune était plein d'aplomb et de fierté, avec cela de sombre et mystérieux, quand l'autre était plus enorgueilli, voûté, et visiblement fort fier de démontrer un caractère lunatique et subversif. Chez l'homme d'Eglise, tout se lisait d'un regard, chez Gabriel, tout restait soit à écrire soit à décrypter.

    « L'humilité, mon frère, murmura Gabriel avec une gravité excessivement exagérée, ce ne sera jamais de ploire devant l'arrogant servant d'un Seigneur tortionnaire.
    - Ne blasphème pas, menaça le moine avec sérieux. »

    Là, contre toutes les attentes logiques et chronologiques, Gabriel se mit à rire. Fait excessivement rare, déjà, il était surtout particulièrement déplacé d'agir ainsi en de telles circonstances. Obtenir un sourire du jeune homme était un évènement à en élever des bâtiments majestueux, et le moine fût fortement atterré, en effet, d'une telle réaction. Son regard fût traversée d'une lignée de questions que ses lèvres refusèrent de délivrer. Déposant sa main sur l'épaule du vieil homme, Gabriel se pencha sur lui, effaçant froidement quelque sourire de son visage, redevenant de marbre, de son allure perturbante.

    « Comment pourriez-vous savoir si j'aime ou ai aimé, quand vous ignorez seulement quand fusse-je acteur ou non ? Allons, mon frère ! ayez un peu d'humilité, et admettez sans en rougir que vous ne connaissez point quoi que ce fût de ma personne. »


    Jusqu'à nos jours :

    « Tu...
    - Chut, souffla Gabriel en glissant l'index sur les lèvres de la jeune femme. »

    Elle l'observa d'un sourire malicieux, mais il n'en ajouta pas davantage. Elle se rallongea docilement, là, lascivement étendue sur un tas de haillons, offrant un contraste romantique de par l'étonnante pureté de son corps. Gabriel observait sa nudité d'un oeil neutre et pourtant attentif, la respiration calme et maîtrisée, les battements de son coeur parfaitement réguliers, rien ne trahissant l'effervescence de son esprit en cet instant. Car il éprouvait un vif plaisir à s'égarer du regard sur les formes de cette jeune et jolie inconnue ; elle avait un caractère particulièrement pur et souillé à la fois qui fascinait son voyeur. Elle n'était rien de moins qu'une de ces femmes dont le corps était vendu au plus offrant, mais sous l'oeil d'artiste voluptueusement déposé sur sa peau pâle elle devenait un objet d'esthétisme. Elle en démontrait une certaine fierté satisfaite particulièrement modeste. Tout portait à croire qu'elle n'avait que très rarement l'occasion de voir un tel manège autour de son meilleur instrument du travail. Et, en effet, jamais Gabriel n'avait posé la main sur elle, non, il ne la touchait jamais que du regard.

    Imperturbable, Gabriel clignait à peine des yeux ; il demeurait visiblement absorbé par sa contemplation, et cette affaire l'occupait pleinement sans qu'il n'en ressentit jamais la moindre lassitude. Les traits de son visage demeuraient figé, et cela pendant des heures. Cette entreprise dont eux seuls avaient connaissance durait maintenant depuis plusieurs mois, sous la lune de l'Art et de quelques sous. Gabriel ne s'était jamais expliqué, et il avait lié avec la jeune femme une étrange connivence qu'ils partageaient avec fougue et réserve. Leurs regards se croisaient quelques fois, se choquaient, c'était ainsi qu'ils communiquaient le mieux. Puis le silence revenait les hanter de nouveau, et c'était là la manière dont ils communiaient.

    Après de nouvelles longues minutes, Gabriel se releva péniblement et se remit fièrement sur ses jambes. Déjà, il tournait les talons. La laissant en reste, ce fût elle qui se redressa, et, sans pudeur aucune, vint le saisir par l'épaule, le ramenant doucement sur l'arrière et colla toute sa fine silouhette contre son flanc. Bien que lui eut un regard pour le lointain sans qu'aucun de ses traits ne trahissent une quelque émotion, attirance ou répulsion, elle ne le lâchait plus des yeux et lui livra son discours maintes fois tenu au silence :

    « La Cour des Miracles abrite rarement des lettrés vivant dans la misère, murmura-t-elle à son oreille. J'entends tout ce qu'ils disent de toi, là-bas...
    - Et que disent-ils ? interrogea Gabriel, de son flegme habituel (et il la vit, du coin de l'oeil, sourire malicieusement).
    - Beaucoup disent que tu es un meurtrier repenti, un auteur maudit... certains te croient à la solde de la Garde Française. D'autres disent que...
    - Que ? ajouta-t-il devant l'hésitation de la jeune femme.
    - Que tu aimerais les hommes. »

    Que n'avait-il pas été dit à son propos ? Gabriel passait autant pour un mercenaire, un voleur qu'un mendiant, et tout ceci sous l'habit fantasque d'un homme de théâtre. Il était, en effet, fort étrange de voir un lettré à la Cour qui ne fût un pas un noble, et lui préférait se cacher de sa naissance. Il avait quasiment toujours grandi avec moins que nécessaire, et avait eu pourtant la possibilité d'apprendre à lire et à écrire. Il avait lu, principalement à l'abbaye, mais presque que des textes religieux. C'était néanmoins les rares années où il avait pu lire des pièces de théâtre lui ayant apporté un nouvel éclairage. Il était devenu un être mystique, enfermé dans son imaginaire, et puisque c'était celui-ci qu'il exposait à la vue de tous, il n'était guère étonnant que "tous" pouvaient alors imaginer les choses les plus fantasques. Et même les plus invraisemblables.

    « Et toi, qu'en penses-tu ? répondit-il après un moment.
    - Moi ? Quand je vois la manière avec laquelle tu me regardes durant des heures, souffla-t-elle, je sais que tu aimes les femmes. »

    Après lui avoir concédé l'esquisse d'un sourire, Gabriel l'écarta doucement. Elle ne le laissa pas faire, et vint se glisser devant lui, jusqu'à l'empêcher de sortir de leur misérable taudis. Lui recula doucement, saisit délicatement un long morceau de tissu pareil à un drap dépareillé et revint vers elle pour l'en envelopper. Elle ne chercha pas à éviter pareil geste, et se contenta de le scruter avec attention. Il fût rapidement proche d'elle, et elle vint consciencieusement effleurer sa joue du bout des lèvres. Il ne dit rien, pas plus qu'il ne fit quoi que ce soit.

    « J'ai plutôt l'habitude d'être traitée comme une catin, tu sais, ajouta-t-elle à demi mots. Attends, ne dis rien, poursuivit-elle en le voyant entrouvrir la bouche. Je préfère quand tu ne parles pas, quand tes lèvres n'expriment rien... quand tu ne joues pas (et ce fût là qu'elle obtint toute l'attention de Gabriel). Dès que des mots coulent de ta bouche, je sais que tu mens... c'est là le credo des acteurs, je suppose, soupira-t-elle. Mais quand tu m'observes, quand tes yeux parlent pour tes silences, je sens la brûlure de la vérité sur ma peau.
    - Ce n'est pas le discours d'une femme de ta condition, remarqua Gabriel.

    - Personne n'a dit que j'étais davantage à ma place que toi tu n'étais à la tienne, ici. »

    Soudainement, il se sentit transpercé par un étrange sentiment de familiarité. Alors que c'était lui qui s'en allait briser leur silence, ce fût elle qui glissa son index sur ses lèvres pour le contraindre au silence. Elle déposa un léger baiser sur sa joue, et resserrant sa mince enveloppe autour de son corps, elle le poussa vers la sortie. Il ne fit aucun effort pour échapper à la sentence et s'en retourna à l'agitation des rues. Il eut un dernier et vague regard pour elle, perdu. Quand il eut regagné le bruit et l'animation grisants de la Cour, elle n'avait toujours pas quitté ses pensées.

    Objectifs et possibles évolutions : Tout est à construire (HJ | Je le préfère ainsi pour les besoins versatiles et contradictoires du personnage)

    Hors Jeu


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MessageSujet: Re: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria EmptySam 7 Mar - 14:38

Bonjour Gabriel
Je ne suis pas chez moi, donc je pourrai m'occuper de ta fiche tout à l'heure à mon retour =)

Sauf si quelqu'un s'en est chargé avant Razz
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MessageSujet: Re: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria EmptySam 7 Mar - 18:57

Excellente fiche, très complète et très bien façonnée avec des éléments propres à l'époque, j'aime beaucoup !
Tu es naturellement validé, alors tu peux débuter le jeu ^_^

Pense à venir te divertir avec nous dans le Flood et à voter sur les Top Sites, parce que j'en veux 100 comme toi d'ici deux jours Razz Razz Razz

Bienvenue parmi nous !
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MessageSujet: Re: Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria   Gabriel Jean-Baptiste (de) Condat | De la naissance et la déchéance d'un paria Empty

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