La Cour des Miracles
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

La Cour des Miracles


 
AccueilPortailDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 Promenade

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Ethel Kellermann
Modèle
Modèle
Ethel Kellermann



Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Modèle / Bouquetière
Parti (pour les Miséreux): Bohème
Promenade Empty
MessageSujet: Promenade   Promenade EmptyLun 23 Nov - 0:55

Ethel Kellermann avait profité d'un calme plat à la boutique pour demander à sa patronne, la vieille Garence, la permission de s'éclipser quelques instants afin de profiter du beau temps qui couvrait Paris. La vieille n'était pas méchante, aussi fut-ce de bon coeur qu'elle autorisa son employée à rentrer chez elle. Mais la jeune femme n'avait aucune envie de s'enfermer dans sa mansarde, par un si beau soleil. La bouquetière décida de s'organiser une petite escapade dans les quartiers des nobles. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'y était pas autorisé, par pudeur ou retenue : elle ne faisait plus partie de cet univers. Malgré cela, Ethel Gaella aimait toujours bien s'habiller et se maquiller, faire la coquette. Et aujourd'hui, elle était d'humeur folâtre.

Mélusine accrocha son tablier et sa coiffe sur le porte-manteau, au fond de l'échoppe, arrosa quelques fleurs qui manquaient d'eau, et monta quatre à quatre la volée de marche qui menait à sa petite chambre au-dessus de la boutique. Là, elle détacha sa longue chevelure qui vint valser sur ses épaules. L'ex-aristocrate ôta sa chemise, son corset et sa jupe grise fort simple, pour se retrouver en chemise intime, pieds nus les épaules à moitié dénudées, sa crinière de flammes dansant autour de son visage. Ce qui lui rappella une toile qu'avait faite d'elle Romain, un peintre de sa connaissances. La toile ornait le mur d'une maison close, à présent, lui avait-il dit. Ethel n'avait pas bien su comment prendre la nouvelle, à la fois contente que la toile de Romain ait été achetée, fière d'être son modèle, mais gênée que son portrait puisse être comtemplé par des gens qui allaient voir des catins.

Ethel ouvrit son armoire et en sortit son costume de taffetas de soie bleu pâle, qu'elle étala sur le lit. Prestement, la bouquetière enfila deux jupons, un corset à baleines d'osier et des bas bleus, avant de se vêtir de sa jupe bleue réhaussée de quelques broderies, et de son corsage, dont la pièce d'estomac qui comprimait élégament sa gorgeétait brodée d'arabesque en fils argentés. Les manches découvraient les épaules légèrement hâlées de la jeune femme, qui se lamenta de ne pas avoir de parure pour être vraiment à la mode. Pas de colliers, de bracelet. Elle avait juste sa bague, un saphir monté sur argent que lui avait offert sa mère pour ses seize ans, et que pour rien au monde, elle n'aurait vendu. La jeune femme s'assit devant son miroir, et sortit son petit pot de carmin, le paquet de poudre, et son fard. Elle passa quelques instants à se maquiller, puis, jugeant le résultat point trop repoussant, passa à la chevelure, qu'elle peigna longuement pour en dêmeler le moindre noeud. La demoiselle n'avait pas d'épingles, ni de camériste pour la coiffer, elle se contenta donc de natter soigneusement ses mèches rousses sur le côté droit de son visage, les nouant grâce à un ruban de velours bleu foncé. Pour finir, elle glissa ses pieds dans des souliers passés de mode, puisqu'elle les portait il y a deux ans, et que chez les nobles, aucune tendance ne survit plus de quelques mois. Mais qu'importait, la robe les cacherait bien. Mélusine se couvrit d'une cape de velours sombre, et en rabattit la capuche sur son visage, puis quitta sa mansarde.

Aucune hésitation sur sa destination : elle irait au Square Louis XIII. Autant profiter de la nature, par un si beau temps! Elle marcha quelques temps, puisque l'idée de laisser sa jument sans surveillance la répugnait, puis prit un fiacre, grâce à quelques pièces prélevées sur sa paie des trois derniers mois. Elle parvint bientôt au square, dont elle arpenta quelques temps les allées, avant de s'asseoir sur un banc et de sortir le roman qu'elle était en train de lire.
Revenir en haut Aller en bas
Mademoiselle Clarence
Directrice du Petit Théâtre
Directrice du Petit Théâtre
Mademoiselle Clarence



Feuille de personnage
Rang: Noble
Profession: Propriétaire et directrice du Petit Théâtre
Parti (pour les Miséreux):
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyVen 27 Nov - 20:29

Mademoiselle Clarence sortait tout juste de chez son ami. Mais il faisait si beau qu'elle avait décidé de rentrer à pied jusqu'au Petit Théâtre. Elle avait le sourire aux lèvres et se sentait légère. Elle avait perdu un poids et partagé un rêve, un talent.
Henri était vraiment surprenant.

Il occupait un luxueux hôtel particulier, plus loin dans le Marais. Bénéficiant de rentes hors du commun, qu'on s'occupait par ailleurs de gérer pour lui, le jeune homme vivait selon son bon vouloir - c'est-à-dire, un pinceau à la main. C'était un original. Il régnait chez lui un étonnant désordre, concentré surtout dans un pièce, son atelier. Là, il pouvait rester des heures à contempler une femme nue ou une corbeille de fruits. Le résultat n'était pas toujours concluant, pour l'œil averti, mais il y avait dans ses toiles une espèce de force qui transcendait tous ceux qui voulaient bien s'y perdre un peu. Cela semblait vraiment obscur à Mademoiselle Clarence mais, assise là à le regarder peindre, elle était persuadée qu'il possédait quelque chose.

A vrai dire, elle n'était pas venue pour l'admirer, ni même pour profiter de sa compagnie si charmante - pour qui savait par quel bout la prendre. Elle était venue pour lui réclamer de l'argent.
Non, Henri ne lui devait rien. Il était de toutes les débauches, et pourtant il demeurait d'une incroyable honnêteté, droit dans la souillure comme un noble de naissance. Jamais ses intimes ne se plaignaient de lui.
Mademoiselle Clarence, pas davantage. Mais il fréquentait régulièrement son théâtre, au point de prendre part à son financement. Il en avait été ainsi, les deux dernières années. Ils n'étaient pas proches, alors, et elle avait pensé qu'il avait de l'argent à gaspiller. Mais par la suite, il ne rata pas une représentation, même s'il n'avoua jamais avoir aimé une pièce - et cela la faisait rire, et ils étaient doucement devenus amis.

Mais le Petit Théâtre, avant tout. Il y avait d'importantes réparations à faire et elle avait plus que jamais besoin d'argent pour entretenir l'établissement. Alors, même si cela lui répugnait, même si c'était franchir les limites de la générosité, elle était venue demander son soutien, pour cette nouvelle année.

Elle le dérangeait et il l'avait rapidement faite taire et assoir. Elle s'était accordée une heure à le regarder et, ma foi, cela était passé vite. Elle en ressortait toute engourdie, toute enchantée. Doublement enchantée : car, alors qu'elle avait abandonné, alors qu'elle s'apprêtait à partir, il lui avait fourré dans la main, sans plus de cérémonie, une poignée de bijoux à la valeur incontestable. Il avait esquissé un sourire impudique, ou ironique, ou triste peut-être, vantant les mérites de cette amante qui, le quittant, lui avait rendu tous ses présents.
Admiration, ou amertume...? Clarence ne s'y attarda guère. Elle savait qu'Henri traversait une mauvaise passe, à la mesure de ses moyens, et tout cela serait revendu pour le Petit Théâtre. Surtout, ne pas trop regarder les perles qui miroitaient...

D'autres auraient jugé inconscient de se promener ainsi avec une petite fortune dans son sac. Mais Mademoiselle Clarence n'était pas franchement quelqu'un de prudent et, il faut le dire, le quartier n'avait rien de particulièrement dangereux... La promenade y était en tout cas plus qu'agréable ; pourquoi y renoncer pour un risque lointain, qui à peine lui traversa l'esprit ?

Comme à son habitude, Clarence fit un petit détour pour travers le square Louis XIII. Elle aimait entendre le chant des fontaines et sourire à la moustache du Juste. Elle ne comptait pas s'y attarder. Il était d'ailleurs presque désert.
Presque...

Clarence ne s'y serait pas arrêtée en d'autres circonstances. Mais l'inconnue, avec sa rousseur nattée, avec sa robe de soie bleue, avec ses souliers plats, avec son allure si délicieusement désuette, était tout à fait charmante. La petite marquise ne put donc résister. Emmitouflée dans son manteau noir, dont dépassait à peine le vert vif d'une robe, elle s'arrêta face au banc, regarda la jeune femme en souriant, et dit :
C'est un bon choix que vous avez fait là...
Elle parlait bien sûr du roman que la rouquine parcourait avec tant d'attention. Toute accroche était bonne à prendre, et il y avait peu de livres que Clarence n'aie pas lus...


Dernière édition par Mademoiselle Clarence le Mer 6 Jan - 14:56, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ethel Kellermann
Modèle
Modèle
Ethel Kellermann



Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Modèle / Bouquetière
Parti (pour les Miséreux): Bohème
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyJeu 3 Déc - 23:32

Ethel n'avait pas entendu arriver l'inconnue, absorbée qu'elle était dans le roman qu'elle était en train de dévorer. Dès lors, plus rien n'existait : ni le chuchotis de la fontaine, ni les chants des oiseaux, ni le bruit du vent dans les arbres. Ni même le bruit des chaussures de l'inconnue sur le graviers. Seul vivaient dans l'esprit de la jeune femme les personnages de papiers.

Ce fut pour cette raison que lorsque la femme parla, Mélusine sursauta violemment, son rythme cardiaque augmentant brusquement. Le livre tomba de ses mains. La jeune femme leva les yeux lentement et détailla son interlocutrice. Une femme blonde, à qui elle n'aurait sû donner un âge. Un manteau noir, une robe vert vif. Une allure extraordinaire. Un charisme stupéfiant : voilà ce qu'Ethel perçut en un regard. La jeune fille se pencha pour ramasser son livre, et l'épousseta de la main, puis le posa à côté d'elle.


" Vous trouvez aussi ? C'est un de mes romans préférés. "

Elle regarda encore une fois l'inconnue qui semblait cultivée, heureuse d'avoir trouvé quelqu'un qui partageait son amour pour la lecture, ce qui n'était pas courant, là où elle vivait. Un sourire éclaira son visage.

"Asseyez-vous si vous le souhaitez, je vous en prie! J'ai l'impression de vous avoir déja vue, Madame, mais je ne saurais dire où..."
Revenir en haut Aller en bas
Mademoiselle Clarence
Directrice du Petit Théâtre
Directrice du Petit Théâtre
Mademoiselle Clarence



Feuille de personnage
Rang: Noble
Profession: Propriétaire et directrice du Petit Théâtre
Parti (pour les Miséreux):
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyVen 4 Déc - 21:50

Mademoiselle Clarence sembla hésiter un instant. Elle n'avait pas beaucoup de temps mais... qu'importe ! Nouer de nouvelles relations faisait aussi partie de son métier - surtout lorsqu'elle en retirait un agrément personnel...

Navrée de vous avoir surprise, s'excusa-t-elle en s'asseyant, précautionneusement. Croisant ses jambes, joignant ses mains sur ses genoux presque instantanément, elle répondit au regard d'Ethel et sourit.

Peut-être nous serions nous croisées au Petit Théâtre, non-loin d'ici. J'en suis la directrice... précisa-t-elle avec un sourire modeste. Elle-même n'avait aucun souvenir de l'inconnue, elle était même persuadée de ne l'avoir jamais rencontrée - mais n'en dit rien, par politesse.

Au moins nous voilà un point commun apparent... nous sommes des habituées du Square !
poursuivit-elle joyeusement en désignant les alentours de la main, avant que celle-ci ne revienne au roman poussiéreux.

Vous n'avez pas encore lu la fin... constata-t-elle avec un sourire mystérieux.


Dernière édition par Mademoiselle Clarence le Mer 6 Jan - 14:57, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ethel Kellermann
Modèle
Modèle
Ethel Kellermann



Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Modèle / Bouquetière
Parti (pour les Miséreux): Bohème
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyLun 21 Déc - 1:50

[ HRP: désolée pour le retard!!!]

Après un temps d'hésitation, la femme prit place a ses côtés sur le banc. Elle avait une élégance naturelle qui se voyait dans chacun de ses gestes, et plus encore dans la façon dont elle s'assit, croisant les jambes, liant ses mains. Ethel eut un sourire à la vue de cette femme qui la fascinait sans qu'elle ne la connaisse, et lui envia son aisance et son élégance - naturelle.

Peu après, l'inconnue se présenta sommairement : la directrice d'un théâtre Voilà donc d'ou venait son charisme, une artiste ne peux s'en passer. C'est d'autant plus vraie si elle est actrice. Mais Ethel n'y avait jamais mis les pieds, ignorant même qu'il y avait un théâtre à près d'ici. La Salle du Palais-Royal, oui, elle en avait entendu parlé... Mais un théâtre dans le Marais, c'était une découverte, et la jeune femme se reprocha son ignorance. Mélusine souffrait d'être éloignée du théâtre, qu'elle affectionnait particulièrement, avec le goût pour l'esthétique et l'art qui était le sien.

Ne la laissant pas répondre, l'artiste reprit de plus belle sur le Square, et sur le roman qu'elle lisait. Pas lu la fin? Eh bien, si ma foi, elle adorait ce livre... Mais peut-être que derrière ces paroles était caché un double sens mystérieux, ce qui n'aurait pas étonné la bouquetière au vu de l'air de son interlocutrice.


- Effectivement, j'aime beaucoup cet endroit. Directrice d'un théâtre? dit-elle d'un air candide, ça doit être passionnant! J'aime beaucoup cet art. Mais effectivement, alors, j'ai seulement dû vous croiser dans la rue... Je n'aurais jamais oublié une rencontre avec une telle personne.

La jeune modèle eut un silence hésitant, et finit par demander timidement, ce qui ne lui ressemblait pas :

- Vous pourriez me parler de votre métier et de votre théâtre? Je souffre d'être séparée du monde de la comédie...
Revenir en haut Aller en bas
Mademoiselle Clarence
Directrice du Petit Théâtre
Directrice du Petit Théâtre
Mademoiselle Clarence



Feuille de personnage
Rang: Noble
Profession: Propriétaire et directrice du Petit Théâtre
Parti (pour les Miséreux):
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyMar 5 Jan - 22:15

Oh... je suis sûre que notre mignon Louison n'y est pas pour rien ! répondit Mademoiselle, avers un bref éclat de rire et un coup d'œil complice vers la statue, à propos du Square. Ses propos n'étaient pas très sensés mais ça n'était pas le genre de choses auxquels Clarence prenait garde... Elle ne demandait pas mieux qu'à s'évader un instant de ses préoccupations financières.

Puis elle fut surprise, flattée et enthousiasmée par les propos de la rouquine, qui semblait s'interesser au théâtre.
Vraaaai ? s'écria Mademoiselle Clarence en se rapprochant légèrement de son interlocutrice, et en lui saisissant les mains avec une aise qui intimidait souvent.
Au final, le fait n'avait rien de si incroyable, nombreuses étaient les Demoiselles de la haute qui s'ennuyaient tant qu'elle se persuadaient d'être des passionnées ; mais cette rencontre, dans ce même square, avec un même intérêt pour les choses de l'Art, la surprenaient et lui parurent stupéfiantes. Et puis, le personnage d'Ethel, avec sa solitude appliquée, sa rousseau et ses souliers, l'avait intriguée ; était-elle justement une Demoiselle ? Dans les deux cas, elle risquait d'être fort intéressée par la spécificité de son Théâtre... un peu d'aventure ou de gloire, personne ne disait non.

Passionnant, oui !
répondit Mademoiselle Clarence. Mais un peu trop : c'est aussi beaucoup de soucis... Enfin, on ne choisit pas son héritage ! poursuivit-elle avec la désinvolture des Nantis. Elle haussa les épaules et réfléchit. Que pouvait-elle bien dire ? Il y avait trop...
Que vous dire, ma chère...? Je suis directrice, je... je m'occupe des problèmes administratifs, comme en ce moment... je gère la programmation et je chapeaute parfois ma troupe !

Elle rit ; tout semblait lui paraître drôle.

Elle exerça soudain une pression sur les mains de la jeune femme et lança d'un air mystérieux, ses yeux écarquillés s'apparentant de près à ceux de la chouette, le maquillage en plus :
Mais venez donc un soir ! Nous jouons Le Menteur, en ce moment. La pièce est plaisante, quoique ce ne soit pas la meilleure du Corbeau ! Je devrais pouvoir vous trouver une invitation... j'en ai toujours sur moi...
Elle lâcha les mains d'Ethel pour fourrager dans son manteau. Son sac tomba sur le sol.

Ah, voilà ! Une seule condition, voilà... vous devez venir masquée.
La chose avait de quoi intriguer, et elle comptait bien qu'on lui mendie des détails...
Revenir en haut Aller en bas
Ethel Kellermann
Modèle
Modèle
Ethel Kellermann



Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Modèle / Bouquetière
Parti (pour les Miséreux): Bohème
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyLun 18 Jan - 0:01

Dès qu'Ethel se mit à parler de théâtre, la blonde s'anima et se tourna vers elle avec une joie qui semblait presque enfantine. Ses mains furent capturées par la Directrice du Petit Théâtre. L'ex-aristocrate n'y était pas préparée : elle commença par se raidir, puis se détendit et ne retira pas ses mains, se penchant même en avant pour mieux partager ce que cette femme et elle avaient en commun : la passion du théâtre.

La femme rit, balayant de ce son cristallin les soucis administratifs qu'elle avait evoquée. Rien ne semblait grave, en compagnie de cette femme. Puis elle proposa a la jeune fille une invitation, avant de lui lâcher les mains pour explorer ses poches. Un invitation? Quel bonheur! Enfin du théâtre! Une pièce du Corbeau, en plus.
Pour un peu, Mélusine en aurait dansé de joie. Mais elle était habillée en noblaillone, et son éducation à la baronnie lui avait appris à être reservée lorsqu'elle portait ce genre de vêtement. Ainsi qu'à ne pas trop babiller.

Mais qu'importe! Mademoiselle Clarence lui tendit un carton d'invitation légèrement corné. Un immense sourire naquit sur la peau légèrement hâlée de la bouquetière.


- Oh, Madame, vous...

Elle fut coupée par la mystérieuse recommandation de sa bienfaitrice. Masquée? Mais... Elle n'avait pas de loup! Diantre, comment faire...? Elle jeta un coup d'oeil contrit à son interlocutrice:


- Masquée? c'est que je n'ai pas de quoi... Est-ce vraiment obligatoire? Tous les invités doivent porter un masque?

Et d'ailleurs, d'où venait cette tradition? Et à quoi servait-elle? Ethel Kellermann se mordilla la lèvre inférieure. n'était-ce pas dangereux? Cela ne cachait-il pas une escroquerie? Elle décida de demander quelques éclaircissements.

- Pardonnez-moi une nouvelle fois, mais je ne saisis pas très bien le but de cette démarche. Pourquoi porter un masque? Je n'ai jamais vu faire cela au théâtre. Mais c'est vrai que je ne connais pas bien le théâtre français. Dans l'Empire Germanique...

Elle s'arrêta, consciente d'avoir fait une gaffe. Tout à sa joie d'avoir été invitée au théâtre, elle venait d'outrepasser la règle qu'elle s'était fixée : ne jamais révéler son histoire. Et voilà qu'elle se trahissait, et parlait de l'Empire Germanique, faisant comprendre qu'elle en était originaire. Bon sang, quelle idiote elle était! Elle pria intérieurement pour que la femme ne pousse pas plus loin l'interrogatoire, la forçant à se trahir encore plus, puisqu'elle avait le mensonge en horreur.
Revenir en haut Aller en bas
Eliphaz Bengourion
Camelot et entremetteur
Camelot et entremetteur
Eliphaz Bengourion



Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Entremetteur/ Camelot
Parti (pour les Miséreux): Bohème
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyMer 17 Fév - 16:44

    Papa Bengourion l’avait pourtant souvent répété : Il ne fallait jamais être plus bourré que les clients lorsqu’on allait dans une taverne pour « parler affaire ». Mais là, Eliphaz avait pas fait attention et du coup voilà : il était saoul comme un colonel. Il était déjà assez joyeux d’habitude, mais alors là, on pouvait craindre, il débitait n’importe quelle bêtise qui lui passait par la tête. Il avait notamment été jeté de la taverne après avoir dragué un peu trop lourdement le pilier au milieu de la taverne. Le pilier n’avait pas répondu à ses avances, Eliphaz était très frustré. Il avait de si belles formes…

    Il sentit bien que sa journée était finie. Elle n’était pas formidable d’ailleurs, trois casseroles et cinq rubans de « soie ». Il avait déjà fait mieux. Enfin, de toute façon il avait tout juste de quoi payer son repas du soir, qu’il avait déjà consommé. Son éventaire portatif plié sous le bras, il titubait à moitié dans les beaux quartiers. Ce soir, il dormirait dans sa planque numéro vingt-six. Il y avait des tapis, c’était assez agréable quand on avait pas peur du froid. Allez, plus qu’un ou deux petits kilomètres et il s’effondrerait comme un bouc sacrifié, et puis il dormirait jusqu’au lendemain. Il faudrait d’ailleurs changer de quartier, on lui avait demandé trois fois si il avait un permis de vendre certaines marchandises. Ca devenait malsain.

    En attendant, les squares de Louis XIII étaient très jolis le soir, quand il y avait pas trop de monde. Ceux qui passaient, passaient trop vite pour que le juif ait le temps de les accrocher et de gagner quoi que ce soit. Et puis c’était la meilleure façon de les faire fuir. Il n’y avait guère que deux personnes qui flânaient, deux femmes sur un banc. Les gens qui flânaient étaient les plus accessibles. Avec toute la délicatesse d’un mulet bourré, il se rapprocha du côté du banc. Il tendit toutes ses oreilles. Il lui fallait une faille, un endroit où il pourrait s’immiscer.

    On parlait de masque.

    « Ciel ! Mais qu’entends-je ? »

    Il joua le grand surpris et lâcha son éventaire.


    « Permettez-moi de me présenter : je suis Eliphaz Bengourion, et j’exerce l’enviable profession de marchand itinérant. »

    Il commença à sortir le grand jeu et devint encore plus rouge qu’il n’était.

    « J’ai entendu parler de masque. Sachez que si vous manquez de masques, j’en ai, et plus qu’il n’en faut ! J’ai des loups noir discrets, ou au contraire exubérant, couverts de dentelles et de perles. J’ai des bautta vénitiennes qui vous couvre le visage en intégralité d’un écran blanc qui vous permet d’incarner n’importe quel rôle le temps d’une soirée. Vous désirez épater encore plus votre public ? J’ai des masques de tragédie grecque ! »


    Eliphaz Bengourion crut bon de mimer ce que représentaient ces derniers masque, le résultat était grotesque.


    « Bien évidemment, on se rapproche plus des traditions du théâtre, et j’ai pas mal d’accessoires de théâtres dans une de mes plan… un de mes entrepôts. Si vous parlez plus de bals masqués, j’ai des loups qui vous conviendrait tout à fait. Pour vos cheveux et votre regard madame, je suis persuadé qu’un loup de couleur noire fera ressortir vos cheveux d’un éclat plus fort que n’importe quel extrait d’orichalque, ce minerai légendaire ! »

    Papa Bengourion l’avait pourtant dit : Ne jamais être plus bourré que les clients
Revenir en haut Aller en bas
Mademoiselle Clarence
Directrice du Petit Théâtre
Directrice du Petit Théâtre
Mademoiselle Clarence



Feuille de personnage
Rang: Noble
Profession: Propriétaire et directrice du Petit Théâtre
Parti (pour les Miséreux):
Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade EmptyJeu 4 Mar - 22:49

L'enthousiasme de Mademoiselle Clarence retomba quelque peu, pour laisser place à un silence. Elle s'était attendue à ce que la mention du masque, évoquant bal costumé, aventures et baisers, éblouisse la jeune femme, l'intrigue et la captive. Mais c'est avec une inquiétude manifeste, teintée d'une hésitation nouvelle, qu'Ethel accueillit l'information.
Colombine était néanmoins confirmée dans ses hypothèses : bourgeoise ou noblaillonne peu habituée à la fête et la débauche, la rouquine était sans le sous. Et d'origine germanique...

- Ciel ! Mais qu’entends-je ?

Clarence lâcha les mains d'Ethel pour se tourner vers l'apparition. Contrariée (elle s'apprêtait à rassurer la jeune femme), elle ne le resta pas longtemps : car comment rester froide devant ce petit homme ventru et poilu, rougeaud et enflammé, espion et trafiquant, indisposant et venant fort à propos ? Constatant que son éthylisme apparent enjolivait sa verve, elle prit le parti d'en rire. Ou du moins, d'en sourire.

- Eh bien, monsieur Bengourion, on peut dire que vous avez l'oreille longue ! lança-t-elle, avant de se tourner, souriant toujours, vers Ethel.

Il semble que le destin soit avec vous ! Mais ne vous inquiétez donc pas tant. Ce n'est qu'une tradition du Petit Théâtre. Ainsi, chacun peut y entrer sans distinction de rang ! Le placement est libre et des masques sont disponibles à l'entrée.
Mais bien sûr, je ne voudrais pas vous empêcher de faire des folies...


Elle coula un regard malicieux vers Eliphaz.
...après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on trouve un vendeur d'orichalque... ou plutôt qu'un vendeur d'orichalque vous trouve !
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Promenade Empty
MessageSujet: Re: Promenade   Promenade Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Promenade
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
La Cour des Miracles :: Les allées du Roi :: Quartier du Marais :: Le Square Louis XIII-
Sauter vers: