Un cercle d'amis... [Blanche-Angelique-Giorgio]

"Ah !"

Blanche daigna rire en ôtant du bout des doigts un marron glacé du plateau que lui tendait un impassible domestique à rouflaquettes. Les jeunes gens qui l'entouraient s'empressèrent de l'imiter et l'un d'eux, croyant deviner combien la jeune fille était friande de ces confiseries, s'exclama :

"Ah ! J'en mangerais autant que Samson a tué de Philistins."

Un autre sauta sur l'occasion et lui décocha :

"Sera-ce avec la même mâchoire ?"

Le cercle pouffa puis se retourna avec un bel ensemble sur le passage d'une vieille décatie. Avec un sourire, Blanche passa une main sur les deux paniers de drap d'or qui donnaient de l'ampleur à sa robe framboise, écoutant complaisamment les ragots que lui distillait un grand jeune seigneur à l'air hardi. Elle semblait goûter un plaisir extrême dans l'admiration de son soupirant mais, sans transition, elle laissa là ses amis et, ramassant ses volants roses, quitta la pièce. Elle posa une main sur son buste, sur la Croix des Infidèles, l'un de ses bijoux favoris du moment, un joli montage de neuf perles noires - quatre rondes et cinq en poires - assemblées en croix. Dans quelque jour peut-être, elle le ferait dessertir et ferait remonter les perles sur une autre parure. La monture et son dessin finiraient probablement au feu - pour être fondu ou brûlé, car même son bijou préféré devait laisser place à d'autres et encore à d'autres. Personne ne se souviendrait de ce bijou, cela convenait à Blanche.

Maintenant la jeune demoiselle marchait au hasard, écoutant le bruit de feuilles mortes que produisaient ses jupes de soie sur le dallage. Elle préférait celui-là à celui du velours, trop cauteleux. Elle se regarda dans une glace. Ses paniers de draps d'or étaient une vraie, une pure folie. Et c'en était une autre de les porter de jour au lieu de les réserver à une soirée ! C'est ce qu'aurait fait n'importe quelle fille raisonnable, mais l'éclat admiratif et envieux dans les yeux des proches de Blanche valaient toutes les folies du monde. Qu'importe qu'il lui en coutât deux fermes ou trois métairies ?

*Et si... des harnais en strass pour les étrennes... Voilà qui ferait scandale !*

C’est avec un sourire non dissimulé qu’Angélique avançait au travers des couloirs du palais. Que cet endroit avait pu lui manquer. Les deux mois qui venaient de passer, la marquise s’était tenue à l’écart du palais, ne sachant que trop bien qu’ici les secrets ne perduraient jamais bien longtemps. Sans que l’on sache comment, les gens finissaient toujours par savoir. On disait que les murs avaient des oreilles. Mais c’est surtout que les nobles avaient de belles bourses, et qu’ils étaient prêt à les alléger pour deux ou trois petits secrets croustillants. Tout était bon pour un amusement de plus, et qu’y avait t’il de plus distrayant que les commérages sur les faux pas des autres ?

A la cour du futur Roi, tout n’est qu’apparence. Le meilleur acteur peut aller très loin s’il s’est par où commencer. Et à la cour, des acteurs il n’en manquait pas. Tous à l’affut des moindres opportunités, qu’elles soient bonnes pour soi ou néfastes à d’autres, toutes étaient bonnes à prendre. D’ailleurs sa propre ascension passe par la chute de nos prédécesseurs. Pour prendre une place, il faut avant tout que celle-ci se libère. Et on est rarement enclin à attendre que le temps fasse son œuvre, aussi une bonne utilisation de son argent est nécessaire.

De plus les rumeurs ont un pouvoir assez incroyable au fond. Avant tout, tout le monde les connaît et même si l’on cesse d’en parler, personne ne les oublient. Elles ressurgissent au moindre signe qui pourrait leur être lié. Et par de simples phrases, une petite rumeur peut devenir une intense vérité. Même démentie, elle peut continuer son œuvre. Bien nombreux sont ceux qui se sont retrouvés pris au piège.

Aussi Angélique était-elle restait chez elle, sortant peu, le temps que sa situation se régularise dirons-nous et que les choses prennent un air plus officiel. Ce qui maintenant était chose faîte. Son cher époux était pris au piège et pour que son secret reste secret, il acceptait de prendre part à celui de son épouse. Cela ne lui plaisait pas, mais Angélique ne lui laissait pas le choix. C’était ainsi un point c’est tout. De plus que cela n’était qu’un avantage pour lui. Si le bébé qu’elle mettrait au monde d’ici quelques mois était un garçon, il toucherait la totalité manquante de son héritage. A cette pensée Angélique songea qu’il faudrait qu’elle négocie avec son mari les modalités de son testament et de son héritage, histoire que son fils, et elle au passage, ne soit pas déshérité plus tard. Car Angélique devait l’avouer, le chantage n’était qu’une solution provisoire, il allait falloir qu’elle trouve mieux comme menace, quelque chose de plus efficace. Ce ne serait pas simple, mais elle ne doutait pas de réussir. Elle s’était toujours sortie d’affaires, elle y réussirait cette fois aussi.

Remarquant à ce moment qu’elle avait cessé d’avancer, trop prises par ses pensées, la marquise se remit en marche. C’est au détour d’un couloir qu’elle croisa une jeune fille, qui il fallait l’avouer ne passait pas inaperçue. Cette dernière devait être jeune, certainement plus jeune que ne l’était Angélique de quelques années. Mais ce qui sautait aux yeux aux premiers abords était sans doute sa façon de se vêtir. Habillée d’une magnifique robe framboise, qui aurait certainement sa place lors d’une grande soirée de bal, et de bijoux simplement éclatants, la jeune fille devait faire naître admiration et certainement de grandes jalousies parmi ses proches.

*Voilà une personne qui sait jouer avec intelligence de sa richesse pour dévoiler ainsi une robe de soirée lors d’une journée des plus ordinaires.*

Car il était évident qu’aucuns n’évènements particulier n’étaient prévu aujourd’hui au château. En face de la jeune fille, Angélique renvoyait une image bien plus sobre. Vêtue de vert émeraude et argent, la jeune femme profitait encore des corsages avant que sa maternité ne devienne plus contraignante. Ses cheveux étaient retenu en un chignon serré par une barrette en argent et seules deux mèches blonde retombées en boucles sur ses épaules de chaque côté de son visage.

Angélique ne connaissait pas la jeune fille. Peut-être n’était-elle pas à la cour depuis longtemps, où peut-être alors n’avait-elle simplement jamais encore fait attention à elle par le passé. Quoi qu’il en soit, ne pouvant l’éviter, et ne voyant de toute façon aucune raison de l’ignorer.

« Mademoiselle. » Fit-elle en la salua de façon courtoise, mais sobre. Après tout elle ignorait encore à qui elle avait à faire, ni même quel était le rang de la jeune fille.

Blanche tourna la tête vers la jeune femme qui l'avait saluée. L'étiquette voulant, que de deux personnes, la plus âgée ou la plus noble ou la mieux placée à la Cour prenne toujours la parole en premier, la jeune fille était à la fois dépitée de toujours devoir se laisser aborder pour pouvoir parler et flattée que certains la jugent digne d'intérêt. Elle replaça ses mains sur ses paniers et fit une petite révérence de circonstance, eut égard à l'habillement et à l'apparence de son interlocutrice.

"Mademoiselle." répondit-elle avec un sourire trop charmeur pour être honnête. L'inconnue semblait être à cet âge où l'on peut être mariée aussi bien que célibataire, aussi Blanche pensa-t-elle qu'elle prenait peu de risques en l'appelant 'mademoiselle'. Au pire elle serait flattée qu'on la prenne pour plus jeune qu'elle ne l'était.

"Vous connaître est un privilège que je ne crois pas avoir." continua-t-elle sur un ton interrogateur faisant pétiller ses yeux de plaisir.

Insouciante du décalage entre sa trop luxueuse tenue et la relative modestie de ses origines et de son rang, elle prit l'initiative de se présenter.

"Je me prénomme Blanche, demoiselle de Baulne et de quelques terres..."

La jeune fille fit un geste de la main méprisant.

"... de moindre importance."

La jeune femme la salua à son tour par une petite révérence. Elle lui fit remarquer qu’elles ne se connaissaient pas, avant de se présenter. Demoiselle de Baulne. Angélique dû s’avouer, que même de nom, la jeune femme ne lui disait rien, il faudrait qu’elle pense à se renseigner. Cela faisait toujours plaisirs aux gens quand ils se rendaient compte qu’on les connaissait. La jeune femme possédait donc déjà plusieurs terres, à son âge, il faut avouer qu’Angélique la trouvait jeune, c’est que donc sa famille ne devait pas manquer de moyen. La jeune femme n’ayant pas fait de remarque sur le mademoiselle, dont Angélique l’avait saluée, cela signifiait qu’elle n’était pas mariée, étant jeune et femme, ce n’était pas des prouesses qui lui avait valu ses terres, il ne restait donc que l’héritage. L’héritage est une bonne chose pensa Angélique. Le jour de sa naissance son fils, se verrait déjà promettre des terres, qu’il n’acquerrait définitivement que quelques années plus tard. Angélique jugea qu’il était temps qu’elle réponde à la jeune femme.

« Je dois vous avouer que je crois pas vous connaître non plus. Mais je dois avouer avoir été absente de la cour ces derniers mois pour des raisons de santé. » Elle fit une pause et porta sa main près de son ventre, qui jours après jours n’allait faire que s’arrondir. « Je me présente donc. Je me nomme Angélique de Vervac, Marquise, épouse du Marquis de Vervac. Je suis enchanté de vous connaître. »

Enchanté, il était encore trop tôt pour le dire. Cependant les formes de politesses inutiles sont habituelles à la cour. Maintenant les deux femmes connaissaient le nom et le rang de l’autre, à savoir deux choses déjà bien essentielles.

« Etes-vous à la cour depuis longtemps ? »

Plus Angélique en saurait maintenant, mois elle en aurait à apprendre par d’autres.

Aaah, le Palais, un des lieux de flânerie préféré de l'aristocrate italien, excellent moyen de se familiariser à la cour française et d'échanger des conversations aussi caustiques que superficielles. Le plus souvent on y mange excellemment, on y boit parfois trop mais toujours on y rit à gorge déployée, même lorsqu'on ne saisit pas le sens d'une boutade.
Venant d'arpenter le pavé, Giorgio n'a pas pris la peine d'endosser une toilette trop sophistiquée, et c'est vêtu de son sempiternel pardessus noir qu'il pénètre dans l'enceinte de ce qui sera le théâtre de sa soirée.
On ne le connait point ici, il salue quelques têtes rencontrées ces dernières années avec son mentor, mais force est de constater que depuis le décès de celui-ci, on ne le reconnait plus guère, des année en serviteur transparent en somme, pour quelqu'un de son rang c'est plutôt agaçant, son père serait fou de rage, Giorgio se contente d'afficher une moue suffisante tout-à-fait de circonstance...

Ici deux aristocrates se lancent des piques, jouent et rivalisent d'audace verbale pour se mettre à mal l'un-l'autre sous les gloussement de courtisanes bien en chair... "Maiali" pense t-il, amusé... Il ne se joindra pas à la fête, sa maîtrise du français n'est pas suffisante et il n'en tirerait qu'une gloire imparfaite. A quoi bon jouer sans chances de gagner.

Il emprunte alors les couloirs, en quête d'une rencontre, la fortune se promène très probablement ce soir en ces lieux.

C'est ainsi qu'il fait la rencontre de deux femmes au détour d'une allée, toutes deux nobles et dignes à n'en point douter, l'une très jeune, l'autre moins, deux beautés comme en compte la noblesse, richement vêtue et parfumées. Il ne peut résister à l'envie d'engager la conversation, envie de passer un moment sans rivaliser tel un coq avec un autre mâle, deux femmes seules est une aubaine, qui sait, les desseins lubriques ou l'envie de ne pas lasser une quelconque opportunité de briller à la cour guident sa conduite.
Attention au code, les signore de la cour ont vite fait de vous envoyer paître si vous vous montre outrecuidant.

" Mes hommages, gentes dames, je me permet de me présenter, Giorgio de Chiaromonte, je viens de Florence en Italie. Me feriez-vous l'honneur de m'autoriser à partager votre conversazione ? "

Oui Giorgio a du mal à se défaire d'un accent italien fort prononcé.. Les deux femmes le voient ainsi leur adresser une courbette, elles découvrent un homme au sourire chaleureux et à l'oeil pétillant, un homme ténébreux se donnant du mal pour leur apparaitre sympathique, sans aucun doute.
Esquissant un léger mouvement de ses mains en leur direction, il attend sa sentence, lui tendront-elles la-leur pour se la faire baiser en se présentant ou un haussement d'épaule, un gloussement ou coup d'éventail lui signifieront d'aller montrer son minois transalpin ailleurs.

Blanche masqua un sourire derrière l'éventail qu'elle dépingla de sa ceinture mais tendit sa main à baiser à l'inconnu. Pour une jeune demoiselle qui n'avait jamais entendu que le patois des paysans de sa région natale ou le langage chatié des de Noailles, l'accent de Giorgio sonnait furieusement exotique. Il y avait donc d'autres personnes que ses professeurs de latin, d'italien, d'espagnol et d'anglais pour ne pas parler français ?

"Certainement, messire de Chiaromonte."

La jeune fille se tourna imperceptiblement vers Angélique pour avoir son approbation puis reposa son regard bleu sur Giorgio.

"Madame la marquise de Vervac et moi-même étions justement en train de parler de nos arrivées récentes à la Cour, vous ne sauriez être dépaysé car nous ne connaissons point encore les arcanes du palais. Je suis arrivée du mois dernier et c'est ma première visite."

Elle esquissa une révérence, assez courtoise pour ne pas froisser, mais peu prononcée, ne sachant à quel degré de respectabilité placer le nouveau venu. Elle n'allait pas se fendre d'une révérence plongeante pour quelqu'un qui pouvait n'être qu'un simple aventurier. Il ne semblait même pas titré !

"Je me prénomme Blanche, demoiselle de Baulne."

L'incluant sans façon à leur petit groupe, elle se tourna à nouveau vers Angelique, mais de façon que le nouveau venu ne se sente pas exclu. Peut-être était-elle secrètement vexée d'avoir été qualifiée de 'dame' et non de 'demoiselle' mais elle n'en montra rien.

Saisissant avec toute la délicatesse du monde la main de la demoiselle de Baulne, Giorgio en approche ses lèvres et pratique un baise-main des plus protocolaires, courbé vers son interlocutrice, il se relève avec un regard pétillant...

« Ma c'est un honneur signorina de Baulne, quel joli prénom, chez moi on vous appellerait Bianca, la langue française est un vrai régal pour les esthètes.. Certo. »

Cette jeune femme du monde interpelle notre aristocrate italien, sensible à la beauté jeune et arrogante de la demoiselle, ainsi qu'au luxe ostentatoire de sa tenue, il remercie la Providence d'avoir mis ces femmes du monde sur son chemin, elles sont donc de nouvelles arrivantes par ici, aussi ne l'introduiront-elles pas nécessairement dans des cercles d'initiés, néanmoins soigner son réseau d'amitiés est primordial au palais, et la compagnie d'aussi belles créatures lui est fort agréable...

« Voilà que déjà nous nous découvrons un point commun, je suis un novice moi aussi... Mes hommages Signora... »

Se tournant vers l'autre femme, d'apparence plus mûre, il espère que l'accueil amical réservé par la Demoiselle de Baulne l'inspirera...

Angélique attendait la réponse de la jeune fille, quand du coin de l’œil, elle aperçut un mouvement. Elle observa donc discrètement cet inconnu qui approchait. Encore quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Cela commençait à l’agacer. Elle s’était visiblement absentée bien trop longtemps, pour ainsi ne croiser aucunes personnes de sa connaissance. Elle devait absolument reprendre contact avec ses connaissances et surtout s’arranger pour qu’on la voie le plus possible. Se faire oublier à la cour est vivement déconseillé.

Angélique croisa le regard rapide et discret de la jeune femme quand elle donna son accord à l’inconnu d’intégrer la conversation. Angélique n’y voyait absolument aucun inconvénient. Plus vite elle ferait connaissance avec les nouveaux venus, mieux ce serait. En effet, elle ne passerait pas pour une au courant de rien, lorsque ses « amies » aborderaient le sujets des nouveaux visages de la cour.

Tandis que la demoiselle de Baulne parlait, Angélique tendit sa main au nouveau venu, pour ainsi, elle aussi, signifier son accord. Elle laissa la jeune fille et le jeune homme se présenter avant de parler à son tour.

« Comme l’a dit Mademoiselle de Baulne, je me nomme Angélique, Marquise de Vervac, ravie de voir un nouveau parmi la cour. »

Angélique sourit avant d’ajouter, histoire de dissiper certain doute la concernant.

« Je ne suis pas vraiment nouvelle à la cour, je m’en suis seulement absenté quelques mois pour des raisons à la fois personnelle et de santé, mais j’y reviens avec plaisir et empressement de retrouver d’anciennes connaissances et d’en faire de nouvelles. Mon vœu s’exauce fort bien aujourd’hui avec déjà deux nouveaux visages. Heureuse de vous rencontrer Messire. »

Ainsi Angélique enlevait tout doute sur son temps d’appartenance à la cour. Après tout cela faisait déjà quelques années qu’elle arpentait ses couloirs et elle ne voulait pas vraiment être considérée comme un nouvelle venue qui savait à peine où elle mettait les pieds. Cependant tout ceci ne faisait qu’accroitre son regret d’avoir retardé autant son retour.

Mais toujours souriante et sans laisser paraître quoique ce soit de ses questionnements ou de ses mécontentements la jeune femme demanda à Mr. De Chiaramonte, histoire d’engager la conversation.

« Alors dîtes nous Messire, qu’est-ce qui vous amène à la cour de France en ces jours ? Avez-vous l’intention de rester longtemps parmi nous ? »

Après tout, on ignorait encore, si le Monsieur était seulement de passage où résident à Paris. De plus on ignorait aussi son rang. Que de mystère entourait ce cher homme pour le moment. Mais il ne fallait pas douter qu’avec deux femmes pour le questionner, certaines questions trouveraient bien rapidement une réponse.

La Dame aux cheveux d'or et au regard angélique rompt le silence, se montre plutôt loquace, même... Giorgio de Chiaromonte se livre alors de nouveau au protocolaire et d'usage baise-main. Elle semble tenir à clarifier sa situation, elle n'est point novice, elle. Encore mieux, voilà des rencontres de choix pour l'italien... Curieux trio à l'angle d'un tiroir, s'échangeant des politesses et autres courbettes dans le but de faire connaissance sans heurter la moindre susceptibilité ni déroger aux Conventions. La vie à la cour est parfois un théâtre, un jeu de masques habile et enthousiasmant mais néanmoins épuisant, et les escapades parmi le peuple dans les ruelles empestant l'urine, l'alcool grossier et le stupre sâle font un bien fou à Giorgio.
Ce soir il va cependant s'adonner à toutes les bonnes manières que lui ont inculqué la famille et l'académie militaire. Ces Dames brûlent d'en savoir plus à son sujet, cela tombe parfaitement il est là pour ça...

" Tout le plaisir est pour moi Signora... De passage ? Oh no, je réside ici dans votre magnifique cité. Pour tout vous dire chères amiche je vie ici depuis quelques années, j'ai moi aussi fréquenté la cour avec un cousin de ma mère, Signore Giuseppe Aldi Montale, celui qui m'a accueilli à Paris et m'a enseigné votre si subtile langue...
Je travaille pour la république Florentine, mon padre y est Duc, il administre la cité... De par ma formation militaire et mon sang je possède le rang de Marchese.. Excusez comment dites-vous... Hmm.. Marquis ! Marquis de Chiaromonte de Firenze. Ah ah quelques finesses m'échappent encore veuillez ne point m'accabler je suis mort de honte ah ah ah.
No je suis à Paris en qualité d'ambassadeur, pour la république de Firenze..."

Souriant l'aristocrate se rend compte faire un monologue... Entre authentique histoire, demies-vérités et odieuses sornettes il laissera à ses nouvelles amies le soin de faire le tri...

"Scusatemi je monopolise la parole.. Toujours est-il que depuis le décès du cousin maternel me voilà seul au sein de la cour et du palais... Et je dois l'avouer, un peu seul dans cette magnifique ville, voilà, voilà l'histoire du Marquis de Chiaromonte en exil en France ah ah !
Je brûle de vous laisser m'en dire pour sur vous, dites-moi Marquise, vous qui connaissez le mieux ce dédale, sauriez-vous où un petit salon ou une modeste banquette pourra nous accueillir pour discourir ? J'ai bien peur qu'un détour de couloir ne convienne à des gentes dames et demoiselles de votre rang !"

Il se tait enfin, attendant la réponse de la marquise ainsi que la réaction de la demoiselle... Charmante soirée, il se délecte de chaque échange, ses sorties à la cour depuis la mort de Giuseppe se sont faites rares et il se rend compte maintenant de l'ampleur de son erreur...

Avis à tous: attention, il faut respecter le tour de jeu!

Angélique écoutât avec attention les paroles de sire Chiaromonte, fort impatiente d’en découvrir d’avantage et elle ne fût point déçue. Giorgio de Chiaromonte révéla les raisons qui l’amenait à Paris enfin plutôt celle qui l’y avait amené par le passé, puisqu’il semblait, qu’il vivat à Paris depuis déjà quelques années. De plus il avait déjà fréquenté la cour. Ce détail chiffonna quelque peu, non même beaucoup, la marquise. Elle commençait qu’il y avait trop de monde en ces couloirs qu’elle ne connaissait pas. Demoiselle Blanche étant une récente arrivée, cela n’était point gênant et au contraire même fort arrangeant, il est toujours bon de pouvoir dire que l’on connaît déjà telles et telles personnes. Car se laisser déborder à la cour n’est pas conseillé, bien au contraire. Or c’était exactement ce qu’il se passait. Angélique avait été absente quelques mois, mais les années précédentes elle était là. Alors qu’elle n’est pas entendue parler de deux étrangers, de haut rang visiblement, semblait bien étrange pour elle. Il allait falloir qu’elle y remédie et ceux rapidement.

Angélique écoutât attentivement chacun des mots prononcés par le marquis. Soupesant de tous leur poids tout ce qu’ils pouvaient dire et les gravant dans une partie de son esprit. Se faisant, elle ne quittait des yeux le marquis l’observant tout autant qu’elle l’écoutait, jetant parfois des regards envers Blanche, de façon à voir la réaction, s’il y avait, de la jeune femme et aussi pour lui signifier, qu’elle n’oubliait pas qu’ils étaient trois au détour de ce couloir.

Aussi Angélique laissa donc le marquis terminer ses explications avant d’enrayer elle-même sur la suite :

« Eh, bien Marquis de Chiaromonte, vous me semblez être quelqu’un de très intéressant. » Et ceux pour bien des raisons. Avant tout, l’homme était marquis, le même rang qu’Angélique, soit une personne qu’il pouvait faire bon de connaître, bien qu’il faille avant tout se renseigner sur les possibles rumeurs circulantes de ça de là sur sa personne. A la cour, toutes les fréquentations sont choisies avec soins. « Cependant, veuillez me pardonner, je ne puis me joindre à vous pour poursuivre cette agréable rencontre. Mon retour récent, m’obblige à quelques visites qui ne peuvent malheureusement pas attendre. » Vérité ou mensonge, cela aucun des protagonistes présents ne pouvaient le savoir. La réalité étant qu’Angélique devait vérifier quelques petites choses avant de se lancer dans de plus amples connaissances. « Cela dit, Demoiselle de Beaulne et Messire Chiaromonte, vous trouverez un salon fort agréable au bout de couloir si vous le souhaitez. Quand à moi, c’est avec plaisir que j’ai profité de cette rencontre. J’avoue Sire Chiaromonte, que j’aimerais vous revoir. L’Italie est un pays qui me fascine. » Comme bien d’autre faudrait-il rajouter. « J’aimerais pouvoir en parler avec un connaisseur. Ce serait aussi un plaisir que de vous revoir, Demoiselle. Sur ce, permettez moi donc de vous quittez et probablement à bientôt lors d’une nouvelle rencontre. » [/color]

Cette nouvelle rencontre s’adressait plus particulièrement au marquis, avec qui Angélique souhaité réellement converser à nouveau. Suite aux salutations d’usages, la jeune femme tourna les talons en s’en alla de son côté.

Topic Clos avec l'accord de Giorgio de Chiaromonte.