Galion
Voleur
Feuille de personnage
Rang: Va Nu Pied
Profession: Voleur
Parti (pour les Miséreux): Bohème
 |  Sujet: Galion Mer 2 Déc - 0:16 | |
| Identité - Nom : Faraz, prénom de son père qui devint son nom de famille, comme cela se faisait couramment à l’époque.
Et si l'on peut s'interroger sur comment sa mère put être certaine qu'il était de lui, la raison n'en est pas compliquée : le seul amant qu'elle ait eu d'origine perse fut lui, et le bébé ayant des traits de ce genre de visage... elle est donc sûre que l'enfant est de lui. Et... ce sont les autres femmes qui élevèrent Aurèle qui lui apprirent son nom, même s'il ne l'utilise pas de toute manière... il est juste Galion au fond.
- Prénom(s) : Aurèle
- Sobriquet : Galion, peut-être pour tout un tas de raisons.
- Âge : 24 ans
- Origine : Française et… perse.
- Rang : Va-Nu-Pied
- Profession : Voleur
- Parti : Bohème.
Le peuple devrait gouverner ce qui est sien, et non laisser à un roi le loisir de le faire, de représenter tous ceux qui composent la cour. Car il ne faut pas être dupe pour constater ce que la position du Roi de France a pu donner pour eux, alors un autre roi… voilà qui fait grimacer notre Galion.
Physique
- Yeux : D'une couleur grise, on pourrait presque imaginer qu'ils sont le sombre reflet d'un animal, ou même que des brumes étranges se seraient égarées dans son regard, laissant deviner derrière elles une immensité bleutée. Car quelques paillettes bleutées s'y trouvent véritablement.
- Cheveux : Éparse sur ses épaules, c'est une chevelure d'un noir corbeau qui vogue au gré du vent, ayant même sous les rayons taciturnes du soleil quelques reflets bleutés, à l'image du plumage de ces oiseaux de malheur. Il se moque d'ailleurs grandement de ce point de son anatomie, n'y accordant qu'une attention distraite lorsque ceux-ci s'avèrent finalement trop longs à son goût.
- Taille/Poids : Il mesure 1m73, ne paraissant finalement ni trop grand, ni trop petit, de quoi néanmoins se fondre parmi les autres badauds, et il ne fait aucun doute que sa taille est un avantage pour se fondre dans la masse et s'échapper si besoin. Quant à son poids, disons simplement qu'il possède un physique avenant, finement musclé où la graisse ne semble pas avoir sa place, il est ainsi parfaitement proportionné à sa taille.
- Description physique : Certains pourraient facilement s'interroger sur ce jeune homme à l'allure arrogante et fière, presque pédante s'il avait un quelconque savoir à étaler à l'exception de ce qu'il sait faire en tant que voleur. Mais en vérité, il possède ce sourire que les nobles adressent parfois aux moins que rien, et ce à l'encontre de ces vils profiteurs, néanmoins toujours teinté d'une moquerie semblant simplement vouloir attirer ces derniers à sa suite. Allons qu'ils viennent après tout, et s'enfoncent dans des ruelles où d'autres les attendront pour les dépouiller. Chacun de ses gestes lorsqu'ils affleurent les nobliaux ne semblent destinés qu'à parfaire ses plans, et c'est avec une déférence irrévérencieuse qu'il esquisse parfois de parfaite révérence aux attraits moqueurs. Plutôt séduisant, Galion semble en avoir parfaitement conscience, parfait enjôleur, il aurait sans doute pu vendre ses courbes à de séduisantes donzelles, et il lui arrive bien de partager une couche ou deux de riches demoiselles à l'occasion, qu'il s'arrange bien évidemment pour détrousser au passage. Disparaissant ensuite telle une ombre sournoise, témoignant de sa frauduleuse rapidité, agilité, qui s'étend autant à ses courbes qu'à ses doigts, qui savent dérober bagues et autres bijoux sans se faire remarquer. Peut-être est-ce dû à cette frauduleuse assurance qui semble transpirer de tout son être, et lui offre un charisme remarquable.
Mais Galion, loin d'être idiot et de penser pouvoir s'en sortir facilement à chaque mésaventure, conserve toujours plusieurs dagues sur lui, dont une callée dans sa botte, ainsi qu’un stylet. Ne dit-on pas que l'on n'est jamais trop prudent ?
- Particularités : Il porte une sorte de foulard noir sur la tête, foulard qu'il glisse parfois devant ses traits lorsqu'il ne veut pas être reconnu lors d'un vol organisé. Il porte également plusieurs colliers à son cou, cordelettes composées d'objets ayant eu un sens quel qu'il puisse être dans sa misérable vie, ainsi que quelques cicatrices sur son dos.
- Signe distinctif : En dehors de ce qui a été cité ci-dessus, aucun, à l’exception de la forme de ses yeux qui sont en amande… étrange pour un va-nu-pieds.
Mental
- Qualités : Malgré son côté roublard et voleur, il ne fait aucun doute qu'il possède une langue et aime s'en servir à outrance, déballant ce qu'il pense à tord ou à raison sous une sincérité, une vérité qui lui sert parfois même de lame. Également d'une trouble fidélité, une fois son cœur attaché, que ce soit en amour ou en amitié, il s'avère être un bras qui ne vous abandonnera pas, conspirant sous une ingéniosité, une ruse, une intelligence rare qui n'a pourtant jamais trouvé de recueil dans un enseignement digne de ce nom. Aussi ne sait-il pas lire et son instruction laisse à désirer, alors qu'il se contente de reprendre, de jouer, tel un merveilleux acteur, les attitudes des autres avec un certain talent, à croire que l'hypocrisie en devient une parfaite qualité entre ses lèvres douceâtres. Et j'entends déjà le cynisme de certains qui pourraient juger son attitude trop légère en ce qui concerne les femmes, le fait que même s'il est avec l'une d'elle, il risquerait de partager la couche d'une autre, mais ce ne serait pas tant par désir que par professionnalisme, même s'il n'y répugnerait sans doute pas. Il est ainsi quelqu'un que l'on apprécie et que l'on déteste avec facilité selon les caractères, mais l'avoir de son côté ne peut être qu'un doux avantage, d'autant plus qu'il est quelqu'un d'aimable la plupart du temps. Mais une chose est certaine, il ne manque ni de courage, ni d’audace.
- Défauts : Malgré tout, il reste un être fourbe, aimant l'argent, les bijoux, les richesses, et plus que tout, il aime être un voleur, un aventurier comme d'autres diraient, et est infiniment fier de ce qu'il est. L'arrogance n'étant à proprement parler pas une qualité, Galion est un être entier, qui peut néanmoins se montrer d'une moquerie sans nom, et qui ne lésine pas sur les paroles qui pourraient ainsi en découler. Et s'il reste un fuyard dans l'âme, prêt à disparaître s'il voit que la situation dérape, l'ombre de son courage le poussera à aider ses compagnons s'il en perçoit la nécessité. Secret et volage, deux points qui viennent ensuite se rajouter à la longue liste de ses défauts, car ne nous y trompons pas, il reste quelqu'un que l'on cerne parfois difficilement, puisqu'il n'expliquera pas son geste, ni même son attitude comme la plupart des gens le ferait. En vérité, il n'aime pas parler de ce qui lui tient à cœur, les sentiments semblant lui paraître comme une misérable pustule qu'il supporte contre son gré et avec laquelle il fait avec. Peut-être est-ce également pour cela que malgré l'attachement qu'il pourrait porter à une demoiselle, si son cœur finirait prisonnier, son corps s'y refuserait avec un acharnement troublant. Peut-être est-ce tout simplement parce que la perle n'a pas su s'épancher à ses lèvres. Mais ce qu'il ne faudrait surtout pas perdre de vue, c'est qu'il n'a ni foi, ni loi, ni prêté allégeance à qui que ce soit, à ses yeux les nobles méritent d'être pillés, soulagés de leurs pièces d'or, tandis qu'il ne se poserait pas de question quant à en égorger quelques-uns, voir même d'autres êtres, si le besoin s’en faisait sentir. Voleur ne veut pas dire innocent des autres crimes après tout, mais l'assassin n'a jamais été pris la main dans le sac, et personne ne le soupçonne d'agir si lestement, pour la simple et bonne raison qu’il agit toujours en couvrant ses arrières.
- Goûts, intérêts, passions : Il aime le vol, peut-être parce que c'est ce qui fait de lui ce qu'il est, pour les risques que cela demande, pour les frissons et la richesse que cela procure, sans parler des richesses et des bijoux. Ainsi, il y a appris l’art de la dissimulation, de l’agilité, pas seulement de ses courbes, mais également des dagues et des couteaux. Néanmoins le théâtre, plaisir des yeux, des sens, est un art auquel il ne se refuse jamais une œillade ou deux, car il ne fait aucun doute que s'il ne s'était pas entiché des flammes de la convoitise, il aurait foulé de ses pieds les planches des théâtres populaires des rues. D'un autre côté, il ne sait pas lire, et c'est peut-être une chose qu'il regrette au fond de lui, mais qu'il n'avouera jamais de lui-même. Par ailleurs, il est de ceux qui aime les jolies plantes, ces donzelles qu'il aime séduire, par jeu ou par désir, il sait reconnaître la beauté là où elle se trouve.
- Particularités : Il possède par ailleurs un côté mystérieux et lunatique qui le caractérise si bien, comme s'il foulait du pied le monde, pour s'en détourner sans la moindre explication, ou que ses prunelles s'attardent sur une scène quelconque, sans que ses prunelles ou ses lèvres ne laissent filer ce qu'il en pense. Ainsi, d'observateur minutieux et silencieux, ce point si précieux de son talent de voleur se révélant à ce niveau où si une seconde plus tôt il paraîtra charismatique, la seconde, il saura se rendre "invisible", il n'en paraîtra pas moins insaisissable et difficile à cerner, alors que l'on pourrait penser le connaître auparavant.
- Signe Distinctif : Moqueur et arrogant, sa langue sait viser juste, parfois bien trop.
Historique
- Famille : Ses traits anguleux, la forme de ses yeux, le noirceur sans faille de sa chevelure, tous ces misérables détails auraient dû vous mettre sur la piste qu’il ne pouvait pas être entièrement français, qu’il aurait, peut-être, dû appartenir aux gitans, car Galion est le fils d’un marchand de soie perse. Mais ce qui le destina à rejoindre les va-nu-pieds, était le simple fait qu’il était également le fils d’une catin des rues de Paris, une ravissante égérie à la chevelure brune et aux yeux bleus. Et puis de toute manière, il ne s’est jamais senti proche des origines qu’il dût à son père et qu’il ignore tout simplement, puisqu’il ne le connut de toute manière jamais ; une vulgaire nuit la mit enceinte, alors que lui poursuivit normalement son chemin, sans même se douter qu’il laissait un bâtard derrière lui. Pour seulement quelques pièces, la jeune femme s’était retrouvé grosse jusqu’aux yeux, un marmot sur les bras, marmot dont elle ne prit guère soin, le laissant grandir par lui-même puisqu’elle mourut en couche, ou plus exactement quelques jours plus tard, comme cela se produisait régulièrement à cette époque, faisant de lui un orphelin comme Paris en comptait déjà tant. Mais ce fut eux qui devinrent sa famille, élevé par qui voulait bien de lui à l’époque, prenant le sein d’une femme en compagnie d’un autre nouveau-né qui était véritablement le sien, il n’eut donc jamais de mère prenant soin de lui, ni de père à prendre en exemple, juste le commun des mortels peuplant la cour des miracles. Ainsi, ces compagnons d’errance, ces sans famille, c’était eux, ses frères, ses sœurs, cette bande de chenapans qu’ils devinrent par la suite, le laissant devenir ce qui se rapprochait le plus d’un grand frère pour cette misérable cohue. Il y était l’aîné, le grand frère…
- Enfance : Rapidement, le jeune garçon se fit influencer par d’autres, prenant exemple sur ceux qu’il observait attentivement tandis que son ventre menaçait de véritablement le torturer, puisque le jeune Aurèle avait plutôt bon appétit, la croissance que vouliez-vous. Surtout quand il voyait des nobles se gaver comme des porcs et que lui devait se contenter d’un maigre morceau de pain. A d’autres ! La vie de misère ne serait pas sienne, ou alors il en ferait sa plus délicieuse maîtresse en la modelant selon ses plus insidieuses envies. Aussi commença-t-il à voler avec ses compagnons d’infortune, les entraînant dans ses plus folles aventures, qui se résumaient à soulager des poches et de savoir courir vite avant d’être rattrapé, pour finalement avoir de quoi se remplir plus que largement la panse. Et déjà à l’époque, celui qui regardait au loin, semblant voir à travers les maisons, les champs, au de-là de l’univers qu’il connaissait jusqu’ici, il y avait l’océan, porteur de milles et une saveurs, d’indécentes richesses… mais surtout une liberté où personne ne pourrait jamais remettre en doute la sienne à moins de se faire prendre. Ici, il s’était déjà fait tirer l’oreille un bon nombre de fois lorsqu’il se laissa tomber sur la paille, son visage noirci de crasse, celle qu’il considérait comme sa petite sœur s’y trouvant déjà, les traits souillés, elle était encore si petite, si fragile, encore incapable de voler à la barbe des autres, mais il veillait aux grains, et lui donna un pain qu’il venait juste de ravir un peu plus tôt.
« Tiens, c’est pour toi.
- Hum, chest chaud. » marmonna la petite fille en mordant dedans, et en ressentant la douce chaleur qui s’étirait sur sa langue et qui lui soutirait un sourire de joie.
Elle aussi était seule, sans personne dans la vie, elle aussi n’avait pas eu de chance, même si Aurèle, déjà surnommé Galion, considérait que son existence n’était pas si mal, emprunte d’une liberté qu’il n’aurait jamais en empruntant une autre venelle. Ainsi, se laissant tomber pleinement dans la paille, son dos s’imprégnant des brins qui s’enfonçaient dans le tissu de sa chemise, son visage s’orientant vers le plafond troué ; il savait qu’il n’avait qu’à simplement vouloir quelque chose pour l’obtenir, enfin, cela serait véritablement le cas quelques années plus tard, il avait encore des progrès à faire pour ne pas se prendre des coups de bâtons lorsqu’ils se faisaient prendre, à croire qu’ils préféraient passer leurs nerfs sur son dos plutôt que de le remettre à la justice. Mais tout ceci arrivait de moins en moins souvent, le jeune garçon apprenant donc de ses erreurs. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait l’impression d’être à porter de doigts de la véritable liberté qui offrait aux plus audacieux une chance de vivre et de réussir tout ce qu’ils rêvaient d’entreprendre. A l’exception peut-être de vivre dans une riche demeure avec plein de serviteurs… mais il n’aimait déjà pas les façons de vivre caricaturales de la cour des miracles, peut-être parce que justement il n’y avait pas sa place, alors celles des nobles n’étaient très certainement pas pour lui. Il aurait d’ailleurs sans doute l’impression d’être prisonnier d’une bâtisse, d’un endroit particulier, de toujours devoir se tenir, de respecter un maudit protocole. Non, il avait beau détester leurs manières, vouloir leurs richesses, il ne les enviait pour autant pas. Après tout, ce qui remplissait leurs poches, rempliraient bientôt les siennes.
« Dis Galion ? » demanda la gourmande qui se pourléchait les babines tout en lui lançant un regard de biais, abandonnant quelque peu ce qui lui restait encore de pain dans sa main, le temps de lui parler… enfin, en attendant sa réponse, elle en profita néanmoins pour en avaler une nouvelle bouchée.
« Hum ? » s’enquit-il en menant à ses lèvres le brin de blé avec lequel ses doigts jouaient depuis quelques instants, ses prunelles revenant jouer sur la maigre silhouette sans qu’il ne daigne bouger plus.
« Tu veux bien qu’on se marie ? » demanda-t-elle en esquissant l’ombre d’un sourire intimidée, ses longues flammes qui composaient sa chevelure retombant négligemment sur ses épaules, légèrement emmêlée, mais c’était comme de lui demander de croire en Dieu, ce à quoi il ne parvenait pas vraiment. Il n’était pas de ceux qui pouvaient croire qu’il y avait quelqu’un qui veillait sur eux, ou alors il irait droit en enfer. Pourtant au fond de lui, il avait foi en la chance, et peut-être en ce quelque chose qui veillait tel une bonne étoile sur sa tête pendant qu’il se constituait sa propre chance.
« T’es trop plate Moustique. » lâcha-t-il en esquissant un léger sourire, le brin de blé se retrouvant subitement plus bas, bien que coincé entre ses dents.
« Non mais quand on sra plus grand ?
- Parce que tu vas grandir ? » targua-t-il en laissant ses lèvres s’étirer encore plus, un brin moqueur, avant de se redresser vivement, et de se retrouver debout sur ses deux pieds, ses prunelles regardant la petite fille qui n’avait pas tant d’années de différence avec lui, mais cela suffisait à ses yeux pour faire une grande différence, et puis elle était un peu comme une petite sœur au fond. « Allez, fini ton pain. »
- Adolescence :
« Harpailleur ! Truandaille ! Coterel ! Corbineur ! » entendait-on un homme hurler à l’autre bout de la rue, mais il paraissait jeter des regards alentours sans savoir qui était son voleur, ni même où est-ce qu’il aurait pu se rendre.
Ni même s’il était encore dans les environs, car le vol avait déjà pu se produire de longues minutes auparavant, et il pouvait toujours se brosser pour que quelqu’un lui vienne en aide, le bourgeois n’avait qu’à pas traîner dans les parages et il aurait sans doute encore sa bourse. Mais en vérité, celui qui venait de le détrousser venait déjà se s’introduire dans une petite ruelle adjacente, où il n’y avait pas grand monde, et il en profitait pour regarder ce qu’il avait bien pu emporter avec lui, un léger sourire se peignant sur ses lèvres tandis qu’il constatait qu’il n’avait pas démérité les noms que l’autre lui crachait sans le connaître. Néanmoins, lorsqu’un lame se glissa contre sa gorge sous une vivacité notable, et qu’il n’avait su prévoir, il suspendit ses gestes, la pression soigneusement appliquée prédisant qu’au moindre geste, sa gorge finirait tranchée… Ah vile fripouille que voilà, dérober l’un de ses confrères, ce n’était pas loyale, ce n’était pas… Il fallait au moins se respecter entre eux, sinon où tout cela les mènerait-ils ?
« Ventre-Dieu. » marmonna-t-il dans sa barbe sans esquisser l’ombre d’un geste.
« Ta bourse coquebert. » lâcha l’autre sous un murmure, sans doute parfaitement conscient qu’il obtiendrait ce qu’il voudrait.
Pourtant, sans même attendre d’obtenir son dû, il recula tout en riant, un sourire moqueur aux lèvres, la première fripouille se retournant pour se retrouver nez à nez avec… Galion, qui ne prenait même pas la peine de prendre un air contrit, après tout, ce n’était pas lui qui n’avait pas su faire attention à ses arrières, mais bien l’autre qui, bien qu’amusé, était légèrement rancunier vis-à-vis de ce qu’il venait de se passer. Néanmoins ils se connaissaient depuis tellement longtemps… que malgré toutes les injures qui passèrent dans son crâne, il s’avança pour le serrer dans ses bras, les mains du voleur tapotant vivement son dos, tout en laissant des éclats de joie ponctuer ces retrouvailles.
« Alors vieux fripons, qu’est-ce que tu deviens ? Paris te manquait tant ? » s’exclama Aurèle en s’écartant de celui qui avait été son compagnon d’enfance, trouvant le moyen de déguerpir rapidement, mais dont les traits n’avaient pas changé avec le temps. Tout comme lui-même devait toujours être le même, mais il fallait bien reconnaître que ses propres traits étaient particuliers.
« La cour messire, la cour ! » répondit l’autre avec un sourire, laissant Galion se remettre à rire tandis qu’il se hissait sur une vielle meule de foin qui traînait par là, sa jambe se repliant sous un geste dégagé. Et si le nouvel arrivant dans les rues de Paris se souvint de la bourse qu’il avait glissé durant l’étreinte dans sa poche, il ne réalisa qu’à cet instant qu’elle ne s’y trouvait plus, tout simplement parce qu’elle pendait au bout des doigts du voleur qui se trouvait devant lui, prouvant que ce dernier avait fait plus que progresser, pour dérober à l’un de ses confrères sans que celui-ci s’en rende compte.
« En tout cas c’est pas là où tu étais que tu as pu me dépasser. » répliqua-t-il en lui lançant le butin qui était entre temps devenu le sien.
Le temps avait fait son œuvre, et le petit garçon qui autrefois prenait tant de coups pour ses vols n’en recevait plus aucun à ce jour, tant et si bien qu’il était le pirate des rues, voguant sur son navire, celui de son nom, ses propres pieds, tandis que le foulard ornant ses cheveux ne manquait que d’un chapeau pour compléter la tenue. L’adolescence avait été de ces instants qui passent et se dérobent aux effets du temps, juste pour l’envoyer retrousser des jupons, gravir des lèvres des siennes, ébaucher de ses doigts envieux des courbes graciles et éphémères, rapportant des butins de plus en plus conséquents, alors que ses poches se garnissaient pour lui offrir l’ombre d’une vie conséquente parmi les ruelles de cette ville qui était un peu elle aussi une maîtresse à sa façon. Ses bas de soie se révélant être certaines rues, son intimité s’offrant impunément dans ce qui était son univers, son pays, sa patrie, sa terre d’attache, où sa famille résidait encore. Etait-ce tous les rebus qui y résidaient ? Ceux qui étaient parfois borgnes ou… Oui, il pouvait ainsi répondre, ne refusant de froisser des draps même avec la plus impie des créatures, après tout, la rue faisait de vous des monstres, mais ce qui comptait véritablement n’était pas l’extérieur mais l’intérieur. Les nobles d’ailleurs, si attractifs pouvaient-ils être, n’étaient pour la plupart que rongés par une pourriture que l’on n’apercevait que si l’on creusait suffisamment profond. Ainsi, sautant de son perchoir, il passa son bras autour des épaules de son vieil ami.
« Allons boire à ton retour ! »
- Jusqu'à nos jours :
Adossé contre un mur, dans l’ombre taciturne d’une bâtisse, ses cheveux au plumage corbeau voguant au gré du vent et de ses caprices, celui qui avait su se faire une place et un nom en tant que voleur, réussissant des actions de plus en plus audacieuses, mais surtout qui rapportaient de ce fait plus d’argent dans la caisse, ne faisait qu’observer la jeune femme à la chevelure rousse qui lisait quelque chose à des enfants, ceux qui auraient pu être lui autrefois, et qui à présent semblait captivés par ce que la jeune femme pouvait bien raconter. En vérité, c’était bien une chose qui lui manquait… la lecture, l’écriture, cela lui semblait si loin de ce qu’avait été sa vie, oh non, il n’avait pas eu la chance d’avoir une bonne éducation, mais il trouvait l’action de celle que l’on nommait l’Indomptable comme bien. Pour connaître certains marmots pour les avoir pris sous son aile sous son attitude habituelle de grand frère, il voyait à leurs lèvres étirées qu’ils aimaient ces instants.
Pourtant, il n’aimait pas ce que la famille de la voleuse représentait, son père, le roi de la cour des miracles, du fait qu’il se réserve la Citadelle, que monsieur ait droit à des privilèges sous prétexte de… Plissant légèrement les lèvres, il se détourna du spectacle qui s’étirait devant lui pour s’éloigner d’un pas vif loin de tout ce qui l’agaçait. Il n’aimait pas les privilèges, ne les avait jamais apprécié, ne les apprécierait peut-être jamais. Sans doute parce qu’il avait appris à vivre différemment, parce qu’il pensait que le monde devrait fonctionner autrement. Le pouvoir au peuple ! Et non à une personne, qu’elle en soit issue ou non, le monde avait besoin de liberté, et non de crâneur faisant respecter une justice en laquelle il n’arrivait tout bonnement pas à avoir confiance.
Plus renfermé que jamais, il foulait la crasse, les déchets, l’odeur entêtante ne parvenant même pas à le déranger, elle était comme un fumet habituel, un parfum douceâtre auquel on ne pouvait s’arracher lorsque l’on y vivait trop, comme si elle s’était incrustée dans chacun des pores de sa peau. Mais cela ne paraissait pas déranger les nobles créatures qui parfois partageaient… ou plutôt non, dont il partageait la couche ou la voiture. Peut-être était-ce un effet de ses traits exotiques dont il n’avait en fin de compte aucune explication, car jusqu’au bout de ses ongles, il était parisien, français, en mal d’aventure et de grande vie, sous l’effluve d’une liberté venimeuse, mais français tout de même.
Voleur des ruelles et des habitations, des doigts, des mains, des bras, d’épouses et d’orfèvre. Ainsi était Galion, pour vous servir.
- Objectifs et possibles évolutions : S’enrichir, et peut-être quitter un jour Paris où la royauté dans la cour des miracles ne plaît guère à celui qui est tellement épris de liberté. Il rêve de ce grand large où la richesse attend chacun, mais d’un autre côté il est fier de ce qu’il a pu devenir, de sa vie de bohème, et rechigne à quitter ceux qui constituent sa véritable famille.
Hors Jeu
- Pseudo : Laps, Za, etc.
- Autre(s) Personnage(s) ? Aucun en cette cours.
- Comment avez-vous connu ce forum ? En passant de partenaires en partenaires.
- Une suggestion ? Non ^^ Que des compliments pour ce superbe forum ! La cour des miracles... ah là là, que j'aime !
Dernière édition par Galion le Mer 2 Déc - 1:55, édité 1 fois | |
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